Quatre points rythment le quotidien des longues peines selon un ancien détenu et une sociologue : « rester vivant, ne pas tomber malade, rester humain et se donner le but d’une date » (Auvert, Benotman, 2010). Pour le Conseil de l’Europe, on peut parler de longue peine à compter de cinq ans de prison. Mais, en France, cette expression est employée essentiellement pour les détentions de dix ans et plus. Les personnes concernées représentent 18 % des condamnés détenus (10-20 ans : 12,2 %, 6 063 personnes; 20-30 ans : 3,3 %, 1 613 personnes; perpétuité : 1 %, 483 personnes). Conscient que « les effets négatifs d’une quelconque privation de liberté augmentent avec le temps », le Conseil de l’Europe recommande « réduire autant que possible la durée de la détention » et d’adopter un régime le moins destructeur possible, en leur permettant notamment « d’exercer des responsabilités quotidiennes dans la vie quotidienne de la prison », dans la perspective d’accroitre leur « possibilité de se réinsérer avec succès dans la société ». En France, cependant, la tendance est à un allongement des peines prononcées et à un durcissement des conditions d’octroi d’une libération conditionnelle. Et le temps reste figé, privé de dynamique. Avec la clé, des effondrements psychiques. Mais aussi souvent des perspectives bouchées, non en raison d’un risque de récidive criminelle, mais d’une sur-adaptation au milieu carcéral.

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