Des femmes incarcérées racontent leur rapport avec la maternité, derrière les barreaux.
C’est là qu’il a commencé à dire le mot ‘mou’ pour ‘mouche’
“J’ai eu mon dernier fils alors que j’étais détenue. Il est resté avec moi jusqu’à 18 mois. Ma vie en détention avec lui s’est bien passée mais j’ai eu peu à peu de grands difficultés avec le personnel pénitentiaire qui s’est désintéressé de lui. Il était comme un détenu. La nursery à Seysses ressemble à un mouroir: pas d’activités, juste des sorties dans une cour de 25m2. Parfois les surveillantes me mettaient dans la petite cour de promenade sans eau. Des fois elles m’oubliaient. Parfois elles attendaient jusqu’à 11heures pour ouvrir ma porte, et lorsque je demandais de pouvoir aller vider ma poubelle, on me répondait bien souvent « non ». Je devais garder la poubelle en cellule jusqu’au lendemain, même en présence de mon fils. C’est là qu’il a commencé à dire le mot ‘mou’ pour ‘mouche’. Mes enfants souffrent de ne pouvoir me voir comme avant. Je leur téléphone souvent, 20 minutes à chaque fois, cela me coûte cher mais c’est un sacrifice bien mérité pour ne pas couper notre relation. ”
Marie, 37 ans, trois enfants
J’ai l’appréhension de reprendre mon rôle de mère, au quotidien…
“Mon bébé de 20 mois est choqué quand il me voit. Les cris et les pleurs sont une déchirure. Certains enfants peuvent rentrer dans une forme de déni de peur de ne pas reconnaître ses parents. J’ai l’appréhension de reprendre mon rôle de mère, au quotidien, mais aussi de rater les moments importants à cause de la prison (premier mot, premier pas, première dent, premier vaccin)”
Alice, 32 ans, quatre enfants
“Mon incarcération m’a éloignée de ma fille. Nous étions fusionnelles et là il faut tout reconstruire. Dans certaines choses, je me sens inutile pour ma fille.”
Pauline, 27 ans, un enfant
“Nous n’avons qu’un téléphone pour quinze détenues. Les courriers qui sont lus par les surveillantes et les vaguemestres et si on reçoit des petites choses faites par nos enfants, ça part à la fouille et c’est le parcours du combattant pour les récupérer.”
Julie, 38 ans, deux enfants
Le fait d’être en prison va sûrement m’empêcher d’avoir des enfants…
“Je voudrais tout simplement dire que le fait d’être en prison va sûrement m’empêcher d’avoir des enfants car je risque une longue peine et le sexe est interdit aux parloirs. Le fait de ne jamais voir d’enfants est une situation très antinaturelle. Cela fait trois ans que je n’ai vu aucun enfant. La non-relation avec des enfants est aussi un manque en prison, même si on n’a pas soi-même d’enfants.”
Ana, 32 ans