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Les droits des personnes détenues à la merci d’un ascenseur

Au centre pénitentiaire de Metz, l’unique ascenseur du bâtiment C a de nouveau cessé de fonctionner entre juin et août 2024 – une panne récurrente depuis des années.

Cet été encore, l’étroit escalier était donc le seul moyen de circuler. Au troisième et dernier étage du bâtiment, l’unité sanitaire n’était ainsi accessible qu’aux personnes détenues en mesure de les emprunter. « Je m’inquiète des risques encourus par les personnes incarcérées à Metz s’il devait arriver quelque chose de grave, témoignait alors un membre de l’équipe médicale. Cet ascenseur, c’est ce qui nous relie à toute la détention. »

Quant aux personnes à mobilité réduite incarcérées dans les cellules dédiées, elles sont une fois de plus restées confinées au troisième étage, devenue prison dans la prison : « Je me retrouve à l’écart des autres, je ne peux aller ni en promenade, ni en bibliothèque, je ne peux pas suivre l’école », confiait l’une d’elles. Privée de toute activité, elle a aussi été privée de rencontres avec ses proches : « Je suis à bout, j’en arrive à pleurer seul dans ma cellule. Au dernier parloir, ma famille, venue de loin, n’a pas été prévenue que l’ascenseur était à nouveau en panne. Ils ont fait le trajet pour rien, et maintenant ils ne veulent plus se déplacer. » Dans l’impossibilité de se rendre dans la salle où est installé le système de visioconférence, elle n’a pas pu se rendre à son audience et a été jugée en son absence.

Faute de pouvoir monter leur chariot par l’ascenseur, les « auxiliaires » cuisine, personnes détenues chargées de distribuer les repas en cellule, ont dû monter les plateaux un à un par les escaliers, midi et soir. Des allers-retours qui prenaient tant de temps que la nourriture, venue de la cuisine à l’autre bout de l’établissement, arrivait froide en cellule.

Après plusieurs alertes, dont celles de la direction de l’établissement et de l’OIP, la direction interrégionale des services pénitentiaires
(Disp) de Strasbourg a finalement mis un terme au contrat qui le liait au titulaire du marché, et un nouveau prestataire est venu réparer l’ascenseur à la fin du mois d’août.

Par Odile Macchi

Cet article a été publié dans le Dedans Dehors N°124 : Dix fois plus de suicides en prison qu’à l’extérieur