« Je vous écris à nouveau pour vous faire part d’une dégradation conséquente de mes conditions de détention ces dernières semaines.
À l’heure où j’écris, il n’y a toujours pas de chauffage au bâtiment A. D’après les surveillants, c’est le même problème de chaudière que les années précédentes. Ce qui fait que d’après eux, il ne sera pas fonctionnel avant fin décembre, voire janvier. Concrètement, en plus de l’obscurité des cellules (il fait quasiment nuit à 15h), nous devons supporter des températures d’environ 12 à 14°C dans mon quartier. Sans compter que les températures sont encore positives dehors : un refroidissement et de la neige sont attendus à partie de la semaine prochaine, ce qui va aggraver la situation. Les différentes lettres à la direction sont restées sans réponse, nous ne pouvons rien faire hormis porter trois ou quatre couches de vêtements, pour ceux qui en ont la possibilité.
Aussi, depuis quelques semaines, les arrivants sont parfois trois en cellule, matelas au sol. Ils restent plus de vingt jours au quartier arrivants, car il n’y a plus de places. D’après les surveillants, on est à 750 détenus pour une capacité normale de 450. Je vous laisse imaginer les désagréments qui en découlent, même les surveillants sont à bout de nerfs.
Il y a toujours des souris de passage dans les cellules plusieurs fois par semaine, et les coupures d’électricité sont minimum hebdomadaires.
Je sais l’existence de la possibilité de faire un recours juridique sur les conditions de détention (article 803-8 du code de procédure pénale), j’encourage les gens à aller dans ce sens. Même si dans mon cas, ma procédure n’a pour l’instant abouti à rien. »
Courrier reçu à l’OIP depuis la maison d’arrêt de Strasbourg, en novembre 2024.
Cet article a été publié dans le Dedans Dehors N°125 : Kanaky – Nouvelle-Calédonie : dans l’ombre de la prison