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Absence de médecin depuis plus de quatre mois au centre de détention de Joux-la-Ville : la santé d’une personne détenue en danger

Depuis plus de quatre mois, l’absence de médecins généralistes au centre de détention de Joux-la-Ville compromet dangereusement l’état de santé de M. X, hospitalisé en urgence à la suite d’une intervention des pompiers. De retour au centre de détention, il demeure dans l’impossibilité de consulter, malgré une infection diagnostiquée.

M. X était suivi pour d’importantes douleurs au ventre par le médecin de l’unité sanitaire de l’établissement jusqu’au départ non remplacé de ce dernier le 5 mars dernier. Au cours du mois d’avril, il aurait signalé à plusieurs reprises des douleurs persistantes et des vertiges, sans pourtant obtenir de consultation médicale. Ce n’est que le 26 avril qu’un codétenu de M. X interpelle un agent pénitentiaire et parvient à obtenir l’intervention des pompiers. M. X est alors hospitalisé et une IRM révèle une infection du colon et des intestins. Après quatre jours d’hospitalisation, il réintègre le centre de détention, toujours sans possibilité de suivi.

« J’ai perdu 3 kg en une semaine et je n’arrive pas à manger, j’essaie d’avoir un repas dans la journée pour tenir. A ce jour je ne sais pas quoi faire, je n’ai pas d’arrêt de travail car pas de médecin, pas de suivi de santé non plus. C’est une situation très dangereuse […]. » écrit M. X dans un courrier envoyé à l’OIP.

Au cours du mois d’avril, l’OIP avait été alerté par plusieurs personnes détenues, inquiets de l’absence de médecin au sein de l’établissement. L’un d’eux nous écrivait : « La seule réponse donnée est d’écrire des courriers au cadre de santé et à la direction de l’établissement afin d’exercer une potentielle pression bien aléatoire à mes yeux. »

Selon l’agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne Franche-Comté, pour cet établissement où sont incarcérées 573 personnes, le dispositif médical comprenait jusqu’à fin novembre 2024 deux médecins qui assuraient un équivalent temp plein (ETP), un chirurgien-dentiste à temps plein (1 ETP) et plusieurs interventions pour des consultations spécialisées (entre une à deux fois par mois chacune). Les deux médecins généralistes ont quitté l’établissement en novembre 2024 et février 2025. Un nouveau médecin a repris la fonction mais a démissionné avant la fin de sa période d’essai.

L’agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne Franche-Comté, contactée par l’OIP-SF, indique que le départ du médecin responsable de l’USMP s’explique, notamment, par un contexte de tension entre la direction de l’établissement pénitentiaire, et l’équipe soignante empêchée de mener à bien ses missions. L’ARS informe que, depuis son départ, seul un médecin du Centre hospitalier d’Auxerre intervient une journée par semaine pour assurer des consultations et les visites règlementaires au quartier arrivant, au quartier d’isolement et au quartier disciplinaire.

Interrogée à ce sujet, la Direction Interrégionale des services pénitentiaires (DISP) de Dijon confirme l’absence de médecins mais affirme pourtant que M. X disposerait « d’un traitement complet » et que « l’accès et la continuité des soins sont assurées, outre la présence à temps partiel d’un médecin, notamment par le biais d’extractions médicales ». La DISP indique également que « des négociations sont toujours en cours pour le recrutement d’un médecin remplaçant à temps plein. Or, la décision d’hospitaliser une personne détenue doit être prise par le médecin traitant de l’unité sanitaire de l’établissement ou par le SAMU en cas d’urgence.

L’OIP rappelle que la loi du 18 janvier 1994 vise pour les personnes incarcérées une « qualité et une continuité de soins équivalentes à ceux offerts à l’ensemble de la population.». Il est urgent que les moyens nécessaires à l’application de ce droit soient mis en œuvre. Il en va de la santé et de la dignité des personnes détenues.

Contact presse : Sophie Deschamps – 07 60 49 19 96 – sophie.deschamps@oip.org