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Vivre la canicule en prison : entre chaleur, insalubrité et abandon

« En cellule, il n’y a pas de douche, seulement un petit lavabo avec de l’eau chaude et froide. Les douches collectives ne sont accessibles que trois fois par semaine, et l’eau y est brûlante : impossible de régler la température. On a essayé de demander qu’elle soit ajustée, mais ça n’a rien changé.

La chaleur est accablante. En promenade, il n’y a aucune ombre, et pourtant les horaires restent les mêmes, même en pleine canicule : de 9h30 à 11h30 ou de 14h30 à 16h30. L’après-midi, c’est insoutenable. Il y a bien un robinet dehors, mais il ne suffit pas à 40 ou 60 personnes.

Dans la cellule, c’est pire : les murs retiennent la chaleur, on étouffe. Il y a des cafards partout. On ne sort presque plus en promenade, pas parce qu’on n’en a pas besoin, mais parce qu’on a peur de s’écrouler sous le soleil. Je n’ai pas vu de malaise grave, mais certains co-détenus restent allongés toute la journée, épuisés. »

Témoignage d’une personne détenue au centre pénitentiaire de Bois d’Arcy, envoyé à la permanence de l’OIP le 2 juillet 2025

Le calvaire de la prison de Bois d’Arcy ne tombe pas du ciel

À Bois d’Arcy, la canicule transforme l’enfermement en supplice. Dans des cellules surpeuplées, sans ombre ni ventilation, l’air devient irrespirable. Et sous 40 degrés, les horaires des promenades de  l’après-midi ne sont pas aménagées imposant aux personnes détenues de « s’aérer » dans des cours de promenade sous un soleil de plomb avec un béton brûlant, sans alternative.
 
Mais ce calvaire ne tombe pas du ciel. Avec un taux d’occupation de 207 % au 1er juin 2025, le centre pénitentiaire est depuis longtemps au bord de l’implosion. En décembre 2022, la contrôleure générale appelait à suspendre les incarcérations, dénonçant des conditions indignes et une désorganisation généralisée. En avril 2023, c’est au tour du tribunal administratif de condamner les conditions de détention à Bois d’Arcy qui exposent les personnes détenues à des traitements inhumains et dégradants et, plus grave encore, à une mise en danger de leur vie.
 
Même la directrice de la prison reconnaissait il y a sept mois : « C’est difficile d’apporter du sens à la peine. Le sens de la peine ce n’est pas fabriquer des monstres mais de redevenir des citoyens insérés. »