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Bienvenue à Vendin-le-Vieil : haute sécurité, basse transparence

Je fais partie des 17 premiers détenus transférés à Vendin-le-Vieil. J’ai été convoqué pour un débat contradictoire samedi matin, puis transféré mardi. Je n’ai même pas eu le temps de déposer un référé. C’est en signant la levée d’écrou au greffe que j’ai appris que je partais.

 

Le transfert était interminable. On a tourné dans plusieurs prisons d’Île-de-France avant de s’arrêter à Beauvais. J’étais menotté aux mains et aux pieds, dans un car cellulaire. On était deux ou trois détenus par véhicule. Le convoi ? Une cinquantaine de véhicules : motos, blindés, 4×4, le RAID, le GIGN, les ERIS… Tout était là. Comme pour un défilé.

À Vendin, pas de quartier arrivants. On passe au greffe, puis direct en cellule. Ils nous répartissent par petits groupes de 4, 5 ou 6 par aile.

Assez vite, j’ai vu la CPIP et la directrice de détention. On m’a remis le règlement et un livret. Mais dès les premiers jours, je constate que certaines choses permises dans les textes sont interdites dans les faits. Par exemple, la console non communicante ou l’accès au four.

Côté liens familiaux, c’est très limité : seulement deux créneaux d’appels téléphoniques par semaine, de deux heures chacun. Ce n’est pas moi qui choisis les horaires, c’est la direction. Je pense que je ne pourrai pas joindre ma mère : elle travaille pendant les créneaux.

Pas d’UVF, et les parloirs c’est derrière un hygiaphone. Zéro contact physique.

Ma cellule est propre, pour l’instant. Avant il y avait des barreaux, maintenant c’est double caillebottis. J’ai perdu un œil quand j’étais jeune. En prison, on a pour seul horizon des murs. Il n’y a que dans la cour que je peux accéder à une forme d’horizon en regardant le ciel. Depuis le début de mon incarcération, j’ai l’impression que ma vue baisse de l’autre. J’ai écrit à l’administration dès mon arrivée pour le signaler mais pour l’instant, je n’ai pas de réponse.

Côté boulot ou formation, il n’y a rien. Pourtant c’est prévu. Quand je pose la question, on me dit que ce sera dans des mois, ou pas du tout. Même les petits boulots d’auxiliaires ne sont pas accessibles.

Témoignage reçu à la permanence de l’Observatoire international des prisons le 26/07/2025