Free cookie consent management tool by TermsFeed

Série noire – épisode 7 : l’État à nouveau condamné pour indignité à la prison de Saint-Étienne-La Talaudière

Ces douze derniers mois, six prisons françaises – Limoges, Saint-Martin de Ré, Toulouse-Seysses, Bois-d’Arcy, Angers et Nouméa – ont été condamnées. Ce jeudi, une nouvelle condamnation est tombée : le centre pénitentiaire de Saint-Étienne-La Talaudière est une nouvelle fois sanctionné pour l’indignité de ses conditions de détention, avec un taux d’occupation des quartiers maison d’arrêt atteignant 157 % au 1er octobre dernier.

Le 13 novembre 2025, soit deux mois après la condamnation de la maison d’arrêt d’Angers, le juge des référés du tribunal administratif de Lyon a confirmé l’existence de violations des droits des personnes détenues au centre pénitentiaire de Saint-Étienne-La Talaudière. Ce n’est pas la première fois que l’établissement est condamné pour ses conditions de détention indignes, la dernière en date est celle du Conseil d’État en mai 2023. Force est de constater que cela n’a pas suffi pour que le ministère de la Justice considère que cette indignité devait cesser.

Cette fois, le juge des référés enjoint le ministre de la Justice de prendre des mesures urgentes : réparer les trous et fissures des fenêtres des cellules du quartier de la maison d’arrêt des femmes, remplacer les bancs et les abris dans les cours principales et installer des bancs dans la cour du quartier disciplinaire.

Ces injonctions s’inscrivent dans un contexte déjà largement documenté.

Dès 2022, la CGLPL alertait sur « l’état de délabrement avancé, la vétusté et l’exiguïté des locaux » pointant l’absence de suivi des recommandations précédentes, et même « la dégradation constatée » jusqu’à considérer que les conditions de détention relèvent de l’indignité au sens de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme.

Depuis, députée, presse et bâtonnier de Saint-Etienne ont renouvelé ces constats par de nombreux témoignages et photographies.

Le juge a lui aussi retenu concernant les fenêtres des cellules du quartier de la maison d’arrêt des femmes « des trous et fissures qui génèrent d’importantes infiltrations d’air et d’humidité, parfois à proximité immédiate des lits. ». Pour cela, il affirme que « l’état de vétusté avéré de ces cadres [de fenêtres], déjà constaté en 2024 et qui perdure, expose de manière caractérisée, et compte tenu de la période hivernale approchante, les personnes détenues à un traitement inhumain ou dégradant, portant ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ».

En cause : l’absence d’intimité des toilettes des cellules dans le quartier femme de la maison d’arrêt, toujours équipées de cloisons de mi-hauteur, alors que le Conseil d’État avait déjà ordonné, il y a deux ans, d’assurer un cloisonnement suffisant dans les cellules des hommes. Une inégalité de traitement injustifiable.

Parallèlement à cette procédure d’appel, l’OIP veillera à la prompte mise en œuvre des injonctions obtenues à l’occasion de cette septième victoire consécutive contre les conditions indignes de détention.

Contact presse : Sophie Deschamps – 07 60 49 19 96 – sophie.deschamps@oip.org