Ils espèrent être entendus en 2014
« Nous, les détenus de la maison d’arrêt, décidons de mener un mouvement pacifique légitime afin que nos réclamations déjà bien connues soient entendues en 2014 ». 208 personnes, représentant près de la moitié des détenus du quartier maison d’arrêt, ont signé une pétition adressée le 13 janvier au chef d’établissement. Depuis plusieurs années, ils alertent en vain sur une situation déjà qualifiée de « pas admissible » en 2011 par une expertise.
Les conditions d’hygiène et de salubrité sont une nouvelle fois en cause : « Déchets et ordures qui s’accumulent derrière les bâtiments », « odeurs d’égouts », « douches et lavabos souvent bouchés », « ampoules grillées », « promenades jamais propres »… Les détenus demandent au minimum à être dotés de sacs-poubelle grâce auxquels ils pourraient « contribuer à l’amélioration des conditions d’hygiène des lieux ». Ils réclament également le « droit à se nourrir d’autres choses que de lentilles et de lardons ».
« En 2013, nous avons pu constater une nette augmentation des violences carcérales » soulignent encore les signataires. Ils font notamment référence au décès, le 1er novembre, d’un homme poignardé lors d’une bagarre pour une télécommande, dans une cellule sur-occupée. Le niveau de violence est selon eux « principalement dû à la surpopulation ». Au 1er janvier 2014, ils étaient 466 dans ce quartier maison d’arrêt prévu pour 266 personnes. La pétition indique que les cellules de 7 m2 peuvent être partagées à trois et celles de 13 m2 à six. A cette promiscuité s’ajoute un « ennui général » dû à un manque d’activités « sportives, scolaires », de travail et de formation. L’expertise de 2011 avait déjà constaté un « manque crucial d’activités pour les détenus ».
Confrontés à un défaut d’écoute de l’administration, les détenus de Baie-Mahault espèrent qu’enfin leurs « revendications retiendront son attention ». Pour favoriser le dialogue, « éviter les conflits entre surveillants et détenus », « trouver des solutions rapides à des problèmes devenus trop récurrents », ils proposent « la mise en place d’un cahier de doléances afin que des plaintes puissent être enregistrées et consultées ». Le « risque d’explosion avec des conséquences non maîtrisées est réel », signale le député Ary Chalus dans une interpellation de la garde des Sceaux du 29 janvier. Il confirme « la dégradation excessive des conditions de détention », qu’il qualifie d’« inhumaines », ainsi qu’un « manque chronique de moyens, auquel vient s’ajouter une grande promiscuité génératrice de violences et un manque d’activités proposées aux détenus contraints de demeurer en cellule ». Les signataires informent « qu’un mouvement de grève est prévu pour bientôt si aucune suite n’est prise en considération ».