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Fresnes : la Justice ordonne l’intensification de la lutte contre les rats et les insectes

Rats, cafards, puces, punaises de lits… Depuis de nombreuses années, l’OIP est alerté sur la présence massive de nuisibles infestant la maison d’arrêt de Fresnes et saisit régulièrement les autorités concernées.

Le 30 mai 2016, informé du cas de deux détenus ayant contracté la leptospirose, maladie bactérienne pouvant conduire à une insuffisance rénale, voire à la mort, et dont le principal vecteur est le rat, l’OIP alertait l’Agence Régionale de Santé (ARS) du Val-de-Marne. Parallèlement, le syndicat Force Ouvrière avertissait le président du TGI de Créteil, rapportant qu’un surveillant « en salle de repos [avait été] brusquement réveillé par un nuisible qui se trouv[ai]t dans le même lit que lui. Cette bestiole a ensuite décidé d’utiliser tous les moyens pour faire fuir l’agent en lui déversant son urine sur le bras ». Alors même que l’ARS assurait que la maison d’arrêt s’était engagée « dans l’élaboration d’un plan d’action adapté pour lutter de manière pérenne contre la présence de nuisibles », l’OIP recevait, en août, le témoignage d’un détenu mentionnant la présence de rats dans la cour de promenade.
Au fil des mois et encore aujourd’hui, les témoignages de détenus, de familles et d’intervenants se succèdent, montrant que le phénomène est loin d’être éradiqué : présence de rats dans les couloirs menant aux parloirs, détenus couverts de piqures de puces ou de punaises de lit, etc. « Un gros rat a sauté sur ma chaussure alors que je sortais du parloir », signale une avocate.
Dans sa réponse à l’OIP, l’ARS relevait que « l’une des principales causes de la prolifération des rats est liée au comportement des personnes détenues du fait de jets récurrents de détritus par les fenêtres des cellules ». Remplaçant une atteinte par une autre, l’administration pénitentiaire a renforcé la pose de caillebotis, grillage épais et très serré, sur les fenêtres des cellules. Si cette mesure vise à diminuer le jet de détritus par les fenêtres, ces caillebotis plongent les cellules dans une quasi-obscurité en empêchant souvent toute vision du ciel, donnant aux détenus une sensation permanente de pénombre et d’isolement. À ce sujet, plutôt que priver les détenus de lumière, aggravant les conditions de détention et attisant les sentiments dépressifs ou de colère, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté recommandait de renforcer l’efficacité des nettoyages et la collecte des déchets *.
La situation perdurant, l’OIP a fini par saisir le juge des référés du tribunal administratif de Melun le 4 octobre 2016. Dans sa réponse, le 6 octobre 2016, il a estimé, que si « diverses actions ont été menées par l’administration », qui ont eu « pour conséquence d’améliorer la situation », toutes celles qui avaient été planifiées « n’ont pas encore été complètement engagées ». Il enjoint donc à l’administration de « bétonner les zones sableuses de l’établissement et de reboucher les égouts par lesquels les rats peuvent s’infiltrer » dans la prison, ainsi que d’intensifier la dératisation, notamment dans les parties de l’immeuble où la concentration de rongeurs est maximale.

Par Manon Cligman et François Bès, OIP

*Recommandation du 24 décembre 2008 relative à la visite de la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône.