Comme la quasi-totalité des répondants, « les intervenants extérieurs s’expriment spontanément sur les mauvaises conditions de vie des détenus, sur l’absence de respect de leurs droits et souhaitent avant tout que soient revus à la hausse les moyens mis à disposition de l’objectif de réinsertion »,(1) notamment en matière de « préparation à la sortie […] jugée insatisfaisante » par la quasi-totalité des intervenants extérieurs.
À l’image des familles, leurs réponses montrent en outre « une très grande convergence avec les attentes des détenus ». Leurs niveaux d’insatisfaction, « globalement […] très élevés (de 6 à 9 personnes sur dix) », le sont encore plus en ce qui concerne le régime de détention des prévenus, les conditions générales de la détention, la prévention des suicides, la protection des droits fondamentaux, le travail, l’emploi et la formation professionnelle. Mais « la caractéristique principale de cette catégorie est l’adhésion massive (en termes d’effectifs) et large (en termes d’items cochés) aux propositions contenues dans le questionnaire ». Par exemple, « plus de la moitié des intervenants extérieurs a […] coché 9 sur 10 des items de la catégorie “maintien et développement des liens familiaux“ », « 7 sur 9 des items de la catégorie “enseignement et activités socioculturelles“ », « 9 sur 9 items de la catégorie “prévention des suicides“ ».
(1) BVA et les États généraux de la condition pénitentiaire, « Consultation en vue des États Généraux de la condition pénitentiaire – Résumé des résultats de la consultation en ligne par catégorie », octobre 2006. Toutes les citations ci-dessus sont tirées de ce document.
le plus inacceptable…
« Les détenus survivent en prison davantage qu’ils n’y vivent. Je suis heurtée en tant qu’être humain des conditions dans lesquelles ils sont “mis sous tutelle“. Il m’est difficile d’accepter que les détenus soient fouillés à corps au plus profond de leur intimité ; il m’est difficile d’accepter qu’ils soient soumis aux décisions arbitraires des autorités administratives ; il m’est difficile d’accepter que les visites chez le médecin, le dentiste, soient considérées comme un luxe dont ils pourraient bien se passer ; difficile d’accepter l’absence de Code du travail, la déprivation sensorielle, la violence. Impossible de tout énumérer. L’image du prisonnier et son statut doivent absolument évoluer. »
« Il y a des tas de petites choses auxquelles on risque de s’habituer alors qu’elles sont inacceptables : tutoiement systématique, non confidentialité du dossier pénal ou du courrier, arbitraire de nombreuses décisions, non-respect de droits élémentaires (hygiène : défaut de fournitures de trousse d’hygiène, accès aux soins : consultations hospitalières repoussées faute d’escorte, information par le juge ou par l’AP, non réponse aux demandes du détenu…). »
« L’incarcération de détenus âgés (j’en ai connus de 82 et 91 ans !) ou handicapés (vieillards se déplaçant avec un déambulatoire), malades graves (cancer, anus artificiel, etc.). »
« La personne incarcérée n’est plus considérée comme responsable (c’est le paradoxe). On crée une situation de passivité et d’assistanat où toute initiative du détenu est mise à mal. De plus, beaucoup d’absurdité du système : “j’ai demandé à voir le coiffeur, mais on m’a dit que la tondeuse était en panne ; alors j’ai fait la demande pour acheter une tondeuse, mais on m’a dit que c’est interdit puisqu’il y a le coiffeur…“ Petit détail mais significatif et qui dans le quotidien des détenus pèse très lourd de sens… Le détenu est dépendant du bon vouloir du surveillant. »
les réformes attendues
« … une révolution dans les mentalités… »
« … que la société civile ne trouve plus “normal“ que l’on enferme des individus. »
« … qu’on généralise le recours aux peines alternatives à la peine de prison au lieu de construire de nouvelles prisons à forte capacité d’accueil. » « La prison est un réflexe au lieu d’être une réflexion. »
« La prison n’est pas une fin. Tout détenu sortira un jour. C’est ce jour-là qu’il faut se donner les moyens de préparer pour réinsérer celui qui a fauté et éviter à tout prix toute récidive. La “prison“ doit tout mettre en œuvre pour satisfaire cet objectif. Toute autre démarche ne relève que de la vengeance. »
« … un débat sur la place publique du rôle et de la légitimité de la prison dans la société. »
« … un recours plus important aux aménagements de peine, le développement de la réparation pénale en lien avec les victimes. »
« … un système de responsabilisation et non d’assistanat. »
« PAS DE PRISON »
« … qu’elle fasse prendre conscience à la société de l’inefficacité du système carcéral, de l’état scandaleux de l’hygiène, de la nécessité d’un travail collectif sur le sens de la peine aujourd’hui. »
« Il ne s’agit pas d’agrandir les prisons, ni de multiplier les gardiens de prison, mais de former du personnel éducatif qui puisse suivre les personnes à l’extérieur. »
« … une éducation scolaire et citoyenne des détenus. »