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Édito de Cécile Marcel, directrice de la section française de l'Observatoire international des prisons.

« L’OIP en danger ». Ainsi titrions-nous un communiqué de presse diffusé très largement début novembre pour alerter sur les menaces qui pesaient sur l’avenir de l’association après une baisse drastique de ses subventions publiques – 66 % de moins en cinq ans. « Alors que le nombre de personnes détenues a atteint en 2019 des records inégalés, l’OIP n’a jamais été aussi peu soutenu par l’État », écrivions-nous, en relevant que seul un sursaut à la fois politique et citoyen pourrait nous permettre de continuer nos actions en faveur du respect des droits en prison.

Pour le sursaut politique, attendons de voir ce que l’année 2020 nous réservera. Pour l’instant, les organismes qui avaient acté leur désengagement semblent l’assumer. De son côté, le Premier ministre s’est dit « très soucieux d’accompagner la mobilisation de [n]otre association » et a « tenu à ce qu’un effort particulier puisse être fait pour contribuer plus largement aux dépenses prévues » en nous octroyant une subvention exceptionnelle de 5 000 euros. Nous saluons le geste, même s’il pèse bien peu face au montant des subventions perdues.

Le sursaut citoyen en revanche a dépassé nos attentes. Les dons ont afflué. De la part de particuliers surtout, mais aussi d’associations, d’organisations professionnelles, de fondations. Nos « alliés » naturels, venus à la rescousse, mais pas seulement. Ils proviennent aussi de ceux qui sont parfois nos contradicteurs dans le débat public et sur les plateaux télé mais qui sont justement attachés à ce que la multiplicité des points de vue puisse continuer à s’exprimer. À tous, nous sommes extrêmement reconnaissants. Ils nous permettent d’envisager les prochains mois plus sereinement. La mobilisation a également gagné l’espace public : depuis quelques semaines, les messages et tribunes de soutien, articles de presse, sujets dans les plus grandes chaînes de radio et de télévision se succèdent pour porter la cause de notre association.

Ce que cette mobilisation hors du commun révèle, c’est la reconnaissance de l’utilité sociale de l’OIP. Notre action est nécessaire : pour donner à voir ce qui se passe derrière les portes closes des prisons, accompagner les personnes confrontées à une incarcération, faire avancer le droit, contribuer au débat. Et cette revue tient, bien sûr, une place centrale dans l’ensemble de ces missions.

Aussi essentielle soit-elle, notre cause est pourtant peu porteuse. Si nous sommes aujourd’hui confortés dans nos convictions quant à la pertinence de notre action, celle-ci reste fragile. La mobilisation de chacun et chacune – dont la vôtre, lecteurs, lectrices – est indispensable pour nous permettre, en 2020 et au-delà, de poursuivre ce combat.