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Les droits de personnes détenues à la merci du fonctionnement d’un ascenseur !

Au centre pénitentiaire de Metz, les déplacements au sein du bâtiment C, qui comprend notamment l’unité sanitaire et les cellules pour personnes à mobilité réduite, sont régulièrement entravés par les pannes récurrentes et durables de l’unique ascenseur. Un dysfonctionnement qui dure depuis plusieurs années, entraînant d’importantes dégradations des conditions de détention pour les personnes détenues.

Depuis le mois de juin, date à laquelle l’ascenseur du bâtiment C du centre pénitentiaire de Metz a de nouveau cessé de fonctionner, l’étroit escalier est le seul moyen de circuler. Au troisième et dernier étage du bâtiment, l’unité sanitaire n’est ainsi accessible qu’aux personnes détenues en mesure d’emprunter les escaliers. « Je m’inquiète des risques encourus par les personnes incarcérées à Metz, s’il devait arriver quelque chose de grave, témoigne un membre de l’équipe médicale. Cet ascenseur, c’est ce qui nous relie à toute la détention ».

Quant aux personnes à mobilité réduite incarcérées dans les cellules dédiées, elles restent confinées au troisième étage, devenue prison dans la prison : « Je me retrouve à l’écart des autres, je ne peux aller ni en promenade, ni en bibliothèque, je ne peux pas suivre l’école », confie l’un d’eux. Privé de toute activité, il est aussi privé de rencontres avec ses proches : « Je suis à bout, j’en arrive à pleurer seul dans ma cellule. Au dernier parloir, ma famille, venue de loin, n’a pas été prévenue que l’ascenseur était à nouveau en panne, ils ont fait le trajet pour rien, maintenant ils ne veulent plus se déplacer ». Dans l’impossibilité de se rendre dans la salle où est installé le système de visioconférence, il n’a pas pu se rendre à son audience et a été jugé en son absence.

Tous les jours, faute de pouvoir monter le chariot par l’ascenseur, les « auxi » cuisine, personnes détenues chargées de distribuer les repas en cellule, font des allers-retours dans les escaliers midi et soir pour apporter un à un les plateaux dans les étages, qui abritent les nouveaux arrivants et les personnes fragiles, nécessitant une surveillance médicale quotidienne. Le temps de distribution est tel que la nourriture, venue de la cuisine à l’autre bout de l’établissement, est froide lorsqu’elle arrive en cellule.

Saisie par l’Observatoire international des prisons (OIP) concernant la persistance du dysfonctionnement, la direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) de Strasbourg affirme « prend[re] le sujet très au sérieux », avoir « accepté récemment une demande de marché dissident », et ainsi mettre fin au partenariat avec l’actuel titulaire du marché, dont la direction de l’établissement, d’après nos informations, dénonce depuis des années le non-respect du contrat. Nonobstant cet heureux hasard de calendrier, l’Oip restera attentif à l’effectivité des réparations, afin que les droits des personnes incarcérées à Metz soient effectifs.

Au-delà, l’Oip s’alarme de la récurrence de nombreuses et diverses situations de dysfonctionnement qui, à Metz comme dans d’autres établissements, portent durablement atteinte à la dignité et aux droits les plus essentiels de personnes détenues en grande vulnérabilité.

Contact presse : Jean-Claude Mas · 07 60 49 19 96 · jean-claude.mas@oip.org