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Mouvement collectif de détenus à Remire-Montjoly : « Nous ne voulons pas de violences. Juste manifester pacifiquement notre désespoir »

Les prisons d'outre-mer sont au bord de l'explosion.En un mois, des mouvements de détenus ont éclaté en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie, en Martinique et en Guyane. Ces prisons cristallisent les problèmes constatés ailleurs en France : surpopulation endémique, défaut d'entretien de locaux délabrés, manque d'activité et de travail, violence, atteintes à leurs droits et leur dignité.

Cette semaine, dans la prison la plus surpeuplée de France, Faa-Nuutania (402% de taux d’occupation au quartier maison d’arrêt) quatre détenus se hissaient  sur une corniche du bâtiment, pour dénoncer leurs conditions de détention. Le même jour, mardi, ce sont 74 détenus du quartier centre de détention de Remire-Montjoly, en Guyane, qui refusaient de regagner leurs cellules. Le mouvement a éclaté suite à la non-livraison de leurs produits de cantines. A bout, ils dénonçaient le rationnement, le manque de travail et d’activités. Si une négociation avec la direction a mis fin à la révolte, nous apprenons qu’aujourd’hui, un nouveau mouvement est en cours dans cet établissement, cette fois au quartier maison d’arrêt.

Nous ne voulons pas de violences. Juste manifester pacifiquement notre désespoir.

Depuis ce quartier sur-occupé avec 422 détenus pour 310 places (un taux d’occupation de 136%), les détenus nous ont fait parvenir un courrier, consultable en intégralité. Ils y décrivent des conditions de vie « déplorables, insupportables », ainsi que des relations tendues avec certains personnels de surveillance, accusés de monter les prisonniers les uns contre les autres et d’abuser des fouilles intégrales. Les détenus dénoncent également l’état d’insalubrité de la prison et de leurs cellules, photos à l’appui. A les consulter, on est bien loin de « l’hôtel 4 étoiles » que certains imaginent trouver derrière les murs des prisons. Les détenus détaillent, évoquant la « vermine » présente dans l’établissement, des draps changés « toutes les trois semaines », des produits de première nécessité « distribués trimestriellement », des repas « immangeables » qui conduisent à de « fréquentes intoxications alimentaires ». Plus loin, ils évoquent les humiliations subies aux parloirs, la longue attente pour une consultation médicale.

La lettre se conclut par un appel à l’aide et ces mots, « nous ne voulons pas de violences. Juste manifester pacifiquement notre désespoir. »