Discriminations
Si tous les auteurs de délits sont passibles d’emprisonnement, l’incarcération reste bien souvent le produit d’un effet de sélection discriminant. « L’amende est bourgeoise et petite-bourgeoise » et « l’emprisonnement ferme sous-prolétarien » déclarait déjà en 1985 un ingénieur de recherches au CNRS (Aubusson de Carvalay). Des biais dans l’élaboration de la loi pénale et de l’action des forces de l’ordre aboutissent en effet à ce que certaines populations soient particulièrement visées par l’appareil répressif. Et en premier lieu, les jeunes hommes issus de quartiers populaires et de milieux défavorisés, auteurs de délinquance de voie publique ou d’infractions à la législation sur les stupéfiants. Or, le système pénal fait preuve d’une plus grande sévérité à l’encontre des populations les plus en difficulté. Les publics défavorisés en capital économique, social et scolaires sont ainsi nettement surreprésentés en prison. A titre d’exemple, l’absence d’emploi multiplie par 1,5 la probabilité d’une peine d’emprisonnement ferme. Etre sans logement, ou né à l’étranger est également discriminant. Et différents effets de ces mécanismes perdurent en détention. Les personnes de nationalité étrangère rencontrent ainsi des difficultés accrues. La prison s’avère aussi, à d’autres titres, un lieu de discriminations important de certains publics, comme les auteurs d’infractions sexuelles qui subissent des pressions et des violences de co-détenus, et ont généralement un moindre accès aux activités. Ou encore les personnes LGBT qui restent mal vues dans un univers essentiellement masculin et très virilisé.
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