En quelques mois, le nombre de jeunes filles mineures incarcérées à l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Meyzieu a augmenté au point de dépasser les capacités d’accueil du quartier qui leur est réservé. Début janvier, le quartier filles, qui compte cinq cellules, affichait complet. Dix jours plus tard, l’incarcération de deux nouvelles mineures entraînait l’ajout de lits de camp dans deux cellules, en violation flagrante du droit à l’encellulement individuel, en principe strictement respecté chez les mineurs.
L’apparition de tensions et la crainte d’un incident auraient finalement poussé l’administration à réagir, le 8 mars. La solution, tardive, était en outre loin d’être satisfaisante : un quartier spécifique, réservé à des garçons présentant des fragilités importantes, a été vidé pour y accueillir des filles, et ses occupants ont été placés au quartier arrivant. Contraints de quitter des cellules qu’ils avaient parfois investies mais aussi de changer d’éducateur et de surveillants référents, certains jeunes auraient été fortement perturbés par cette réorganisation, selon une source interne. « Tout cela vient dégrader les prises en charge, créer de la rupture, et est extrêmement insécurisant pour les jeunes », s’alarmait ainsi une personne travaillant au sein de l’établissement. À la suite des tensions nées de cette réorganisation provisoire, la direction de l’établissement a temporairement fait machine arrière : les mineures ont été redéplacées dans leur quartier initial, où deux d’entre elles ont à nouveau partagé la même cellule. Fin mars, la direction de l’établissement a finalement procédé à un nouveau changement, déplaçant les mineures dans un autre bâtiment où chacune d’entre elles bénéficierait actuellement d’une cellule individuelle.
Contactée, la protection judiciaire de la jeunesse dit constater une augmentation des déferrements aux mois de janvier et février, mais ne pas pouvoir expliquer cette hausse des incarcérations. Elle assure également que les doublements ont été effectués sur la base du volontariat. Ils n’en restent pas moins attentatoires aux droits fondamentaux des mineures détenues.
Par Charline Becker