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Baisse des suicides confirmée en 2013

« Pour la première fois depuis vingt ans, on constate une évolution générale à la baisse de la mortalité par suicide sur cinq ans. »

Le premier rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), publié en novembre 2014, relève une « baisse significative » du taux de suicides en prison, passé de 18,4 pour 10 000 détenus en 2009, à 14,4 en 2013. Une évolution favorable que l’administration pénitentiaire (AP), auteur de la fiche consacrée au suicide des personnes détenues, attribue au plan de prévention lancé en 2009. Elle se félicite de l’amélioration de la formation des surveillants à la détection du risque suicidaire, des mesures visant à « lutter contre le sentiment d’isolement au quartier disciplinaire » – telle la mise à disposition d’un poste de radio – ou « la mobilisation de l’ensemble de la “communauté carcérale” ». L’administration fait valoir le dispositif de « codétenus de soutien », formés aux premiers secours, à la détection des risques suicidaires et à l’écoute active de leur codétenu. Développée dans neuf prisons, ce serait même « l’une des mesures les plus efficaces » selon la directrice de l’AP (AFP, 2/12/14). Il a toutefois pour limite de faire peser une lourde responsabilité sur les détenus retenus pour cette fonction. La publication du rapport de l’ONS est aussi l’occasion pour l’AP d’annoncer la généralisation d’un « cutter dit de sécurité, permettant au surveillant de trancher rapidement tout ce qui pourrait servir à un détenu pour tenter de se pendre ».

Si l’administration pénitentiaire a bien intégré le suicide au rang des « incidents » contre lesquels des actions doivent être menées, il reste difficile d’établir les liens de cause à effet entre chaque mesure adoptée et la diminution observée. Et toujours possible de regretter la prévalence d’une approche visant surtout à empêcher matériellement le passage à l’acte. Le surveillant blogueur Krapitouk estime ainsi que « l’idéal serait qu’il y ait des projets et des espoirs, qui feraient qu’on n’en arrive pas jusqu’à devoir distribuer de force des palliatifs comme les kits anti-suicide » (Mediapart, 3 décembre 2014). Composés d’un pyjama en papier et d’une couverture indéchirable, les kits restent en effet la mesure la plus fréquente. Alors qu’un renversement de perspective impliquerait une politique de prévention qui « cherche, non à contraindre le détenu à ne pas mourir, mais à le restaurer dans sa dimension de sujet et d’acteur de sa vie » (circulaire DAP du 29 mai 1998).

Observatoire national du suicide, Etat des lieux des connaissances et pistes de recherche, novembre 2014