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Enfermé, ignoré, abandonné : il s’est suicidé après deux ans et demi d’isolement

« Il y a eu un suicide au quartier d’isolement . Le gars souffrait de troubles psychiatriques. Ça fait de la peine,
parce que toute la journée il criait.

Il était à l’isolement depuis deux ans et demi. Il m’avait déjà parlé de la prolongation de son isolement, et le pire, c’est que dans les motifs de la décision, c’était écrit noir sur blanc qu’il présentait des troubles psy et que la pénitentiaire ne savait pas quand il pouvait devenir agressif. Mais il n’avait rien à faire ici !

Je vous assure, il y a des personnes, c’est nous – les codétenus – qui les calmons. Mais à l’isolement, c’est impossible, il n’y a aucun échange, on ne pouvait rien faire pour lui.

On subit déjà des conditions de détention drastiques, et en plus de ça, il n’y a rien pour apaiser qui que ce soit. Il y a des choses que je ne mange pas, que j’aimerais donner à des personnes plus démunies, mais on me l’interdit. Si on avait pu lui donner ne serait-ce qu’un petit geste, quelque chose, peut-être qu’il aurait pensé autrement. »

Témoignage reçu à l’OIP depuis un centre pénitentiaire, en juin 2025.

Cet article est paru dans la revue de l’Observatoire international des prisons – DEDANS DEHORS n°127 – Une société qui s’enferme : la répression comme seul horizon

En savoir + :

  • Dedans dehors N°122 – Isolement carcéral « je suis dans un tombeau » : Des durées trop longues, un programme d’activités indigent, des conditions de détention particulièrement dégradées : l’isolement carcéral pratiqué en France est très éloigné des standards internationaux. Avec à la clé, des effets potentiellement dévastateurs pour la santé des personnes détenues. L’isolement ne cesse en outre de gagner du terrain hors des quartiers dédiés, avec la multiplication de régimes de détention restrictifs.
  • Dedans Dehors N°124 – Dix fois plus de suicides en prison qu’à l’extérieur : En France, une personne détenue se suicide tous les deux ou trois jours. Autant de vies singulières, et autant de questions douloureuses. Les questions des proches, qui doivent souvent batailler pour obtenir des réponses. Et celles que pose la prégnance d’un tel désespoir au sein du système carcéral.

 

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