Dans la nuit du 11 au 12 septembre 2024, une personne détenue est réveillée en sentant que la fenêtre de sa cellule est ouverte.
En découvrant son codétenu pendu aux barreaux de la fenêtre, Monsieur S. réagit immédiatement. Il le soulève pour tenter de le maintenir en l’air tout en criant pour appeler à l’aide. Entendant ses appels, d’autres détenus du bâtiment lui conseillent d’utiliser l’interphone de la cellule pour prévenir les surveillants.
Mais aucune réponse ne vient. D’autres détenus, situés à des étages supérieurs, dont certains en situation de handicap bénéficiant pourtant d’appels prioritaires, tentent à leur tour de contacter les surveillants, sans plus de succès.
Face à l’inaction, ils finissent par interpeller un surveillant dans le chemin de ronde. Celui-ci leur répond d’appeler via l’interphone de la cellule où la personne s’est pendue. Pendant tout ce temps, Monsieur S. continue de soutenir son codétenu, luttant pour l’empêcher de s’étrangler. Une heure s’écoule ainsi.
Ce n’est qu’au bout de ce long délai qu’un surveillant se présente enfin. Pourtant, après avoir observé la scène à travers l’œilleton, il attend encore dix minutes avant d’intervenir. Monsieur S. aura porté son codétenu durant une heure trente avant que ce dernier ne soit enfin pris en charge et transféré à l’hôpital.
Quelques semaines plus tard, il confie à d’autres détenus qu’il a obtenu un travail en prison « un peu trop rapidement » après cet événement. « C’est comme ça qu’on achète le silence en prison. »
Témoignage reçu le 16 janvier 2025 à la permanence de l’Observatoire international des prisons