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Centre pénitentiaire de Guyane: suspension des tirs à balle réelle contre les hirondelles

La chasse aux oiseaux est enfin fermée au centre pénitentiaire de Remire-Montjoly. Les fusils sortis depuis le mois de juin pour tenter d’éloigner les quelque 100 000 volatiles ayant élu domicile à la prison ont été remisés.

Au lendemain de la saisine du tribunal administratif par un surveillant de l’établissement, le directeur a abrogé le 25 septembre sa note de service du 29 mai 2013, qui organisait la « campagne d’effarouchement » des oiseaux. La note indiquait que les surveillants volontaires pour la chasse « tireront quelques cartouches sur les oiseaux, tous les soirs de 17h30 à 19h00 environ. […] Les munitions seront fournies par l’établissement et les volontaires préciseront s’ils disposent d’un fusil de chasse personnel. Les heures effectuées seront prises en compte […] comme heures travaillées ». Dans son recours contentieux, le surveillant contestait la légalité d’un tel dispositif, alors qu’il est interdit au personnel pénitentiaire de détenir des armes personnelles au sein de la détention. Il se référait aussi aux règles de protection s’appliquant aux hirondelles, leur chasse étant punie d’une amende de plus de 9 000 euros et/ou d’un emprisonnement pouvant aller jusqu’à 6 mois. Le surveillant affirme en outre que le contrat de 44 000 euros pour cette opération a été passé avec une entreprise appartenant au secrétaire général du syndicat pénitentiaire majoritaire (France-Guyane, 2 octobre).

Le retrait de la note et l’arrêt des tirs à balle réelle dans l’enceinte de la prison devraient mettre fin au malaise suscité par l’initiative du chef d’établissement. « Une solution dangereuse, affirmait un surveillant, qui crée des nuisances sonores : trois bébés se trouvent actuellement au quartier femmes, ils [étaient] réveillés par les coups de feu. » Les tirs généraient aussi un stress important chez certains détenus, personnels ou intervenants, sans compter que les cartouches peuvent occasionner des blessures en retombant. Dans un courrier du mois de juillet transmis à l’OIP, la direction expliquait que le centre pénitentiaire « est affecté depuis très longtemps par la présence d’une colo- nie d’hirondelles. Cette situation constitue un risque sanitaire important et crée de véritables nuisances au quotidien ». Des méfaits confirmés par une intervenante : « Outre que les fientes sont très importantes et vecteurs de maladies, l’odeur dégagée est pestilentielle. » Leur nettoyage mobilise tout au long de l’année une équipe de huit détenus employés au service général. D’autres méthodes ont été tentées pour éloigner les volatiles : pose de filets sur les bâtiments, canons à gaz et silhouettes de prédateurs… Elles n’ont pas permis de « parvenir, jusqu’à présent, à une solution définitive », indique l’administration. L’intervention de surveillants chasseurs de juin à septembre 2013 avait permis, selon la direction, « d’éloigner les oiseaux de l’établissement ». Une affirmation contestée, indépendamment des questions de sécurité et de légalité. Le problème des oiseaux et des moyens à utiliser pour les déloger reste entier.

OIP, coordination outre-mer