Au quartier disciplinaire (QD) plus qu’ailleurs, les contestations sont fréquentes, parfois violentes. C’est l’un des secteurs les plus sensibles de la détention y compris en matière de risque d’incendie : 70 % des départ de feux se produiraient au QD. Cette donnée est cependant à prendre avec précautions : issue d’une note datant de 2007, « cette proportion nécessiterait une réévaluation globale et précise aujourd’hui, que ne permettent pas les remontées d’informations habituelles des établissements », admet la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap).
Conséquence de ces fréquents départs de feux : le quartier disciplinaire est l’un des rares endroits de la prison à devoir être impérativement dotés de détecteurs de fumée. Les quartiers disciplinaires sont par ailleurs, pour la majorité d’entre eux, directement visibles depuis les miradors, qui peuvent ainsi repérer toute flamme ou dégagement suspect de fumée. Les cellules y sont en outre équipées de matelas spécifiques, ignifugés tant au niveau de la housse que du bloc mousse. Les briquets y sont également interdits (des allumettes sont fournies à la place). Certaines prisons installent des allume-cigares, dans le but de limiter encore davantage les possibilités d’incendier la cellule. Dans une note de 2006, un membre de l’état-major de sécurité de l’époque s’interrogeait même sur « l’opportunité d’interdire aux détenus punis l’accès au tabac. Cette solution, qui préserverait la santé physique des détenus, aurait bien sûr le mérite d’éviter des incidents dramatiques », pouvait-on lire à l’époque… Une proposition fort heureusement vite écartée.
Ces dispositifs de prévention semblent porter partiellement leurs fruits. Si la majorité des départs de feux ont lieu au QD, moins de 15 % des décès recensés entre 2016 et 2021 s’y sont produits – un chiffre qui reste évidemment encore trop élevé.
par Charline Becker