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« Je me suis réveillé de l’anesthésie générale les deux mains menottées au lit »

Je pense que mes droits en tant que personne ont plus été violés par la police que par les surveillants

Lettre ouverte

Je souffre d’une hernie inguinale [au niveau de l’aine] depuis un an. Le 22 septembre 2014, j’ai été transporté au centre hospitalier à 16 heures ; à l’arrivée à l’hôpital j’ai été installé dans une chambre, les mains menottées sur la partie latérale du lit sans pouvoir bouger. Vers 20 h 30, une infirmière a demandé à ce qu’on enlève les menottes afin de m’épiler la zone en vue de l’opération. Les deux policiers de garde ne m’ont détaché qu’une seule main et après une demi-heure ils sont venus me remettre les menottes, m’empêchant de pouvoir bouger jusqu’au jour suivant, sans me demander si je voulais aller aux toilettes. J’ai dormi (comme j’ai pu) avec les habits (jeans, ceinture, tee-shirt), sans pouvoir me changer pour mettre quelque chose de plus commode.

Le jour suivant, ils m’ont enlevé les menottes pour la douche avant l’opération puis, immédiatement, ils m’ont menotté de nouveau au lit et m’ont transféré menotté jusqu’à la salle d’opération, chose réprimandée par l’anesthésiste qui leur a dit de m’enlever les menottes une fois arrivé dans la salle d’opération. Ils me les ont enlevées mais quand je me suis réveillé de l’anesthésie générale, je me suis de nouveau retrouvé les deux mains attachées au lit avec une blessure de 11 centimètres due à l’opération.

En revenant dans la chambre, j’ai demandé à ce qu’ils me détachent au moins une main, ce qu’ils m’ont refusé. Je suis donc resté quatre jours, détaché d’une main uniquement pour manger. J’ai demandé à plusieurs reprises d’aller aux toilettes, chose permise seulement trois fois, j’ai été obligé de m’uriner dessus à deux reprises. Quand j’ai quitté l’hôpital pour retourner à la prison, j’ai demandé un fauteuil roulant, ne pouvant marcher à cause de la douleur, ce qui m’a été refusé par la police qui a ordonné de me mettre les fers aux chevilles, la ceinture et les menottes attachées à la ceinture, si bien que je ne pouvais presque pas marcher jusqu’à la sortie.

Je pense que mes droits en tant que personne ont plus été violés par la police que par les surveillants: à l’arrivée dans le centre pénitentiaire, ils ont immédiatement mis à ma disposition un fauteuil roulant pour mon transport dans ma cellule. Je me suis senti humilié, je pense que cela ne devrait pas arriver à une personne.

Personne détenue, centre de détention, décembre 2014