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Les magistrats

Comme les autres répondants, « les magistrats évoquent principalement les mauvaises conditions de vie en général [et] l’absence de respect des droits fondamentaux des détenus et aimeraient voir changer le regard de la société et la place de la réinsertion en prison ». (1)

La proportion d’insatisfaits dans ces domaines est en effet « assez élevée, tout particulièrement concernant le régime de détention des prévenus ou le maintien des liens familiaux des personnes détenues ». Leurs attentes ne se distinguent pas non plus de celles des autres catégories de répondants, avec la préconisation « d’un organe de contrôle extérieur et d’un dispositif d’information permettant à chaque détenu de connaître ses droits pour améliorer la protection des droits fondamentaux en prison ». S’ils « ne sont pas prioritairement préoccupés par les mesures disciplinaires au sein de l’univers carcéral » et que « la proportion d’insatisfaction est plus faible pour les questions de quartier disciplinaire et de mesures de sécurité », une majorité d’entre eux demandent cependant « que soit contrôlé par le juge tout placement en quartier disciplinaire et que la commission de discipline soit confiée à une personne indépendante de l’administration pénitentiaire ». « Une lecture transversale des réponses des magistrats permet de discerner deux sources de préoccupation majeures : la question du suivi individuel et de la réinsertion des détenus et les questions liées aux soins psychiatriques. » Cela n’est « pas spécifique à cette profession », mais suscite « une mobilisation particulièrement forte » chez eux. Sur ces questions, « l’adhésion aux actions à mener est très forte : les 2/3 des magistrats veulent par exemple : “assurer la continuité de suivi et de soins psychiatrique à la sortie de prison“, assurer “le suivi médical et psychologique pour les personnes dépendantes“, “former le personnel pénitentiaire et les intervenants en prison à la prévention du suicide“, “systématiser l’entretien à l’arrivée en prison avec un médecin psychiatre“, “proposer un soutien psychologique aux détenus lors des moments à risque [suicidaire] élevé“. » Les deux tiers des magistrats estiment également qu’il faut « doter tout lieu de détention d’une plateforme d’accès aux services sociaux (ANPE, CAF, …) », « élaborer dès l’incarcération un projet de préparation à la sortie » et « permettre aux personnes libérées de poursuivre à l’extérieur une formation commencée en prison ».

(1) BVA et les États généraux de la condition pénitentiaire, « Consultation en vue des États Généraux de la condition pénitentiaire – Résumé des résultats de la consultation en ligne par catégorie », octobre 2006. Toutes les citations ci-dessus sont tirées de ce document

le plus inacceptable…

« L’absence de respect de la personne du détenu, les obstacles mis à l’exercice de ses droits, son infantilisation et sa désocialisation… tout cela pour un prix conséquent qui absorbe une grande part du budget de la justice… et qui, comble de la perversité, risque de conduire, faute d’analyse, à proposer en guise de remède la construction de nouvelles prisons ! ».

« … le fait de ne pas donner aux détenus l’ensemble des droits dont disposent tous les individus en société, droit aux soins, au travail, aux relations familiales, la prison ne devant être qu’une privation temporaire de la liberté d’aller et de venir. Le fait également que la prison soit un milieu pas assez contrôlé et que les détenus ne disposent pas encore de la possibilité de faire appel des décisions de l’administration pénitentiaire. »

les réformes attendues

« … qu’elle se préoccupe de limiter les premières incarcérations, en prévoyant des alternatives telles que le PSE, la semi-liberté… qui soient plus systématiquement utilisées par les magistrats, ce qui suppose que ces mesures soient connues des avocats, préparées et plaidées utilement. »

« … qu’on élabore enfin une loi pénitentiaire déterminant les droits et obligations des détenus, en n’oubliant pas les droits ! »

« … une réflexion sur le sens de la peine, afin de limiter autant que possible le recours à l’enfermement. » « … faire de l’emprisonnement une sanction d’exception. »