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Nouméa : meurtre d’un détenu, 30 ans de réclusion pour les auteurs, rien pour l’administration

Trois hommes responsables de la mort d’un de leurs codétenus ont été condamnés, le 14 juin 2013, à 30 ans de réclusion, assortis d’une peine de sûreté de 20 ans.

La cour d’assises de Nouméa n’a pas entendu leurs avocats, qui ont dénoncé leurs conditions d’enfermement au centre pénitentiaire de Camp Est – ils se trouvaient à cinq dans une cellule de 12 m2 et fustigé « une zone de non-droit où règnent des lois animales ». Un quatrième détenu impliqué s’était pendu quelques jours après les faits.

Dans la nuit du 13 octobre 2011, alertés par des bruits entendus à travers la porte (dont l’œilleton est bouché), les surveillants découvrent Suliano K. en insuffisance respiratoire, après les coups que lui ont infligés ses codétenus. Lorsque le Samu arrive, plus d’une heure après avoir été appelé, le patient ne respire plus.

Une équipe du Contrôleur général des lieux de privation de liberté se trouve dans l’établissement au moment des faits : « Les personnes détenues sont entassées dans des cellules insalubres où elles subissent une suroccupation […] atteignant 300 % dans le quartier de la maison d’arrêt. » La chaleur est « éprouvante », et sur le « sol crasseux et humide […] circulent des rats et des cafards ». Au vu de ces observations, le Contrôleur avait usé pour la première fois, le 30 novembre 2011, de la procédure d’urgence pour dénoncer une situation qui, « par son ampleur, relève d’une violation grave des droits fondamentaux d’un nombre important de personnes ». Pour Jean-Marie Delarue, l’épisode dramatique survenu pendant le déroulement de la mission « ne saurait être dissocié des conséquences inéluctables que fait peser la suroccupation de l’établissement sur les conditions de détention ». Un point de vue que la cour d’assises n’a pas pris en compte. Les condamnés ont fait appel.

Les Nouvelles calédoniennes, 15 juin 2013 – OIP, coordination régionale outre-mer