Édito de Cécile Marcel.
Cette année 2020 s’achève. « Enfin ! » pourrait-on dire avec soulagement, si nous étions assurés que 2021 nous réservait un avenir meilleur. Particulièrement éprouvante pour les Français « libres » qui ont découvert le confinement, et pour certains la maladie, elle l’a été encore plus pour les personnes détenues, plus isolées que jamais, coupées du monde et de leurs proches.
Sur le front des droits des prisonniers, 2020 avait pourtant commencé avec une avancée prometteuse : une décision historique de la Cour européenne des droits de l’homme condamnant la France pour l’état de ses prisons et lui intimant de résorber sa surpopulation carcérale et d’améliorer ses conditions matérielles de détention. Mais davantage que la sanction européenne, c’est en fait la menace d’une propagation incontrôlable du virus dans des prisons surpeuplées qui a contraint le gouvernement à réduire le nombre des personnes détenues. Et ce de manière plutôt spectaculaire, puisqu’au bout de trois mois, la France comptait 18 % de prisonniers en moins. Cette baisse inédite a été elle aussi porteuse d’espoir : elle montrait qu’une autre voie était possible, sans que la sécurité du pays ne s’en trouve mise à mal. Mais du constat à l’action, il est parfois un pas de géant que les gouvernants ont du mal à franchir. Et comme rien n’a été fait pour rompre avec le réflexe carcéral de la justice française, le chiffre des incarcérations est, sans surprise, reparti à la hausse dès l’été. L’OIP poursuivra donc son combat en 2021 pour maintenir la pression en faveur d’un moindre recours à l’incarcération et défendre les droits et la dignité des personnes détenues.
Et pour que ces droits soient mieux connus et mieux défendus, l’OIP publiait, le 10 décembre dernier, journée symbolique de célébration des droits de l’homme partout dans le monde, la nouvelle édition de son Guide du prisonnier. À travers un jeu de plus de 1000 questions-réponses, ce livre – dans une version entièrement mise à jour et largement enrichie – accompagne l’intégralité du parcours pénitentiaire, du premier au dernier jour de prison. Ouvrage indispensable pour toute personne liée de près ou de loin au monde carcéral, il représente aussi et surtout un outil unique pour permettre aux prisonniers de se réapproprier leurs droits et de les faire valoir. Pour l’OIP, 2020 se termine donc avec l’envoi de ce Guide auprès de toutes les personnes détenues qui en font la demande, et au sein de l’ensemble des bibliothèques pénitentiaires. Comme une nouvelle brèche ouverte dans l’espace de non-droit qu’est encore la prison.
Dedans Dehors n°109.