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À la prison pour mineurs du Rhône, confinement en cellule au mépris du droit à l’éducation

Les effectifs de surveillants à l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) du Rhône, dans la métropole lyonnaise, sont actuellement amputés d’un tiers. En conséquence, les jeunes détenus se retrouvent, la plupart du temps, coincés dans leurs cellules, avec un accès aux cours et aux activités éducatives très limité, en violation de leur droit fondamental à l’éducation.

Tandis que le Premier ministre propose des jugements rapides et plus sévères pour les enfants auteurs d’infraction, avec plus de peines de prison à la clé, les conditions de détention de nombreux jeunes ne cessent déjà de se dégrader. Depuis plusieurs mois, un tiers des agents pénitentiaires est en arrêt à l’EPM du Rhône, « pour raison médicale » selon la Direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) de Lyon. En conséquence, les jeunes passent de plus en plus de journées confinés dans leur cellule, hormis pendant l’heure de promenade, quelques séances de sport et pour se rendre aux parloirs lorsqu’ils reçoivent de la visite. En juin, d’après des agents de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), pas moins de trois jours par semaine se sont déroulés ainsi. La circulaire du 14 mai 2013 relative au régime de détention rappelle pourtant que les mineurs doivent « bénéficier des conditions les plus favorables en termes d’encadrement éducatif ou de préparation du projet de sortie ».

Les surveillants présents remplacent leurs collègues en passant d’une unité de vie à l’autre pour distribuer les repas et surveiller la promenade, mais ils manquent de temps pour accompagner les jeunes au pôle socio-éducatif, où se déroulent en principe les cours, entretiens et autres activités avec les éducateurs de la PJJ. Si la Disp affirme que les services compétents « s’assurent du maintien des activités du pôle socio-éducatif » et que « des solutions sont systématiquement envisagées lorsque ce pôle ne peut pas maintenir une activité normale », les professionnels sur place constatent que ces adaptations ne permettent pas le maintien des activités pour le plus grand nombre. En l’absence de mouvement des groupes vers le pôle socio-éducatif, ce sont les professeurs qui se déplacent dans les unités de vie pour faire cours à un petit nombre de jeunes, mais la plupart sont de fait exclus du système scolaire.

Quant à l’équipe d’éducateurs, elle tente tant bien que mal de mettre en place des activités et de poursuivre le suivi individuel des jeunes, tout en laissant la priorité aux interventions scolaires, ce qui ne laisse qu’une capacité d’action très réduite. Malgré l’aide des surveillants, qui « font le maximum pour assurer le quotidien », les professionnels subissent une mise en concurrence de fait entre les cours, les entretiens psychologiques et les activités éducatives.

Face à ce non-respect des droits à l’éducation et à la formation, et en dépit de l’obligation scolaire faite aux enfants de moins de 16 ans, de nombreux jeunes voient leurs projets éducatifs et leur préparation à la sortie mis à mal. Ceux qui étaient inscrits à des examens ne reçoivent pas la préparation nécessaire, et tous se trouvent démunis et démobilisés face à des emplois du temps erratiques et vidés d’une bonne partie de leur contenu.

« L’impact, on l’observe au quotidien, déplore une éducatrice. On n’a plus rien à leur proposer, alors ils s’habituent à ne rien faire. Je devais voir deux jeunes ce matin, ils étaient volontaires au départ, mais je n’ai pas réussi à les mobiliser, la dynamique a été complètement cassée. » « On perd toute crédibilité, abonde une autre. Comment leur demander de se raccrocher à quelque chose alors qu’on leur supprime sans arrêt leurs cours, leurs activités, leurs entretiens ? »

Si la Disp de Lyon assure rechercher des solutions en termes de ressources humaines, force est de constater que cette situation perdure depuis au moins le mois de février, au détriment d’un travail socio-éducatif déterminant pour préparer la sortie des jeunes incarcérés.

Après la vague de tentatives de suicides au quartier mineurs du centre pénitentiaire de Villepinte et les épisodes de surpopulation à l’EPM du Rhône ou encore au quartier mineurs de Remire-Montjoly, l’Observatoire international des prisons s’inquiète de la multiplication de signaux alarmants concernant des enfants incarcérés, qui ne semblent plus épargnés par la dégradation générale et affolante des conditions de détention.

Contact presse : Sophie Larouzée-Deschamps · 07 60 49 19 96 ·  sophie.larouzeedeschamps@oip.org