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Canicule en prison : la brûlante indignité des conditions de détention

« Épisode de fortes chaleurs, remarquable et inédit », températures « extrêmes » : début septembre, la canicule continue de faire la Une des journaux. En prison, le thermomètre explose, aggravant considérablement les conditions déjà indignes dans lesquelles sont enfermées les personnes détenues.

Les vagues de chaleur qui ont marqué cet été – le quatrième le plus chaud depuis 1900 – rendent invivable le quotidien derrière les barreaux. D’autant qu’au 1er juillet, le nombre de personnes détenues en France atteignait un nouveau record, avec 74 513 personnes incarcérées : plus de la moitié sont entassées dans des maisons d’arrêt où le taux d’occupation moyen dépasse 146 % et 2 478 d’entre elles sont contraintes de dormir sur un matelas à même le sol. « On est à trois dans une cellule de 10m² où il fait 40°C », rapportait récemment l’une d’elles à la permanence de l’Observatoire international des prisons (OIP).

Dans certains centres pénitentiaires, d’autres témoignages font état de températures atteignant 50°C[1]. « Rien que ce matin, il y a eu trois malaises à notre étage. Dans la cellule, le frigo est cassé. Ils refusent de le changer et nous ont dit de le remettre en route. Mais quand on a essayé, il a failli prendre feu », alertait une personne incarcérée en août. Car, outre la surpopulation, la vétusté des établissements pénitentiaires accentue les effets nocifs des fortes chaleurs : murs épais, caillebotis, cours de promenade bétonnées et dépourvues d’ombre, accès aux douches limité, aération impossible, etc. « La nuit dans la cellule, ça peut monter jusqu’à 32°C. Les fenêtre étant à plus de deux mètres du sol, aucune aération n’est possible », rapportait à l’OIP une autre personne détenue. Fin août, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté témoignait à son tour : « dans certaines prisons que j’ai visitées, on avait l’impression que le sol de la cour de promenade était sur le point de bouillir… »

Si la direction de l’administration pénitentiaire a édicté une note dédiée dès la mi-juin et assure qu’une prise en charge renforcée des publics fragiles ou vulnérables a été mise en œuvre, force est de constater que la situation reste dramatique pour de nombreuses personnes détenues. Et pour cause, la note – qui n’est d’ailleurs applicable que jusqu’au 15 septembre – se contente de lister des recommandations, « en fonction de la configuration des locaux » ou encore « lorsque cela est possible ». Les témoignages soulignent leur application hasardeuse : bouteilles d’eau interdites en cours de promenade, douches quotidiennes refusées, commandes de bouteilles d’eau ou de ventilateurs qui mettent des semaines à être livrées, etc.

L’absence de mesures adaptées a conduit des avocats à déposer mi-août plus de 140 requêtes pour conditions indignes de détention au nom de personnes incarcérées en Occitanie dans l’attente de leur procès[2]. La juridiction de Toulouse, saisie d’une grande majorité de ces requêtes, les a déclarées recevables et auditionnera les chefs d’établissements pénitentiaires ce vendredi 8 septembre.

Tant que les autorités ne prendront pas sérieusement la mesure de la surpopulation carcérale et de la vétusté des prisons, la France continuera d’être condamnée par les tribunaux nationaux[3] et la justice européenne[4].

Contact presse : Sophie Larouzée-Deschamps – sophie.larouzeedeschamps@oip.org – 01 44 52 88 00


[1] « Canicule : incidents, violences, malaises… Les fortes chaleurs aggravent les conditions de vie en prison, racontent des surveillants », France Info, 19 juillet 2023.

[2] Canicule : des avocats dénoncent « les conditions de vie indignes à la prison de Seysses » et s’inquiètent pour les détenus – La dépêche, 25 août 2023

[3] La Justice confirme les conditions indignes de détention à la prison de Perpignan mais refuse de suspendre les incarcérations – Communiqué OIP, 23 août 2023

[4] Surpopulation carcérale et conditions de détention indignes : la France à nouveau condamnée par la CEDH – communiqué OIP, 6 juillet 2023

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