Alors que le ministre de la Justice envisage de faire payer aux personnes détenues une contribution aux frais de leur incarcération, l’Observatoire international des prisons (OIP) tient à rappeler une réalité que les discours démagogiques actuels occultent avec constance : moins d’un tiers des personnes détenues ont accès à un emploi en détention. Et pour celles qui travaillent, conditions très largement dérogatoires au droit du travail.
Malgré quelques avancées, le droit du travail ne s’applique toujours pas en prison. Le travailleur détenu reste maintenu dans un statut précaire : absence de contrat de travail, lien de subordination extrême, tâches répétitives et non qualifiantes, protection sociale minimale. La rémunération horaire, quant à elle, reste indécente – entre 20 % et 45 % du Smic selon le donneur d’ordres. Et malgré son interdiction depuis la loi pénitentiaire de 2009, la rémunération à la pièce demeure encore courante.
Les témoignages reçus à la permanence de l’OIP révèlent une réalité invisible :
« Sur mon contrat et dans les faits, je travaille de 7h30 à 13h30 mais on ne badge qu’à partir de 8h. Je perds donc plusieurs heures par mois et on me les retire sur mon salaire. »
Télévision (14,15 €/mois), frigo (7,50 €/mois), hygiène, cantine alimentaire, appels surtaxés : le travail est souvent le seul moyen de subvenir à ses besoins en prison, d’indemniser les victimes, et de rester en lien avec les proches ou un avocat. Face à cette situation, l’OIP met en garde contre tout projet visant à imposer aux personnes incarcérées une charge financière supplémentaire, alors même que la détention les plonge déjà dans une grande précarité.
À l’occasion de ce 1er mai, journée internationale des droits des travailleurs, l’OIP propose au garde des Sceaux une lecture salutaire en ce jour chômé : les 53 pages consacrées au travail pénitentiaire dans le prochain Guide du prisonnier, à paraître le 5 juin aux éditions La Découverte. L’OIP se tient à sa disposition pour lui en transmettre un exemplaire en avant-première.
Contact presse : Sophie Deschamps – 07 60 49 19 96 – sophie.deschamps@oip.org