Mineurs détenus
Le nombre de mineurs incarcérés reste relativement stable depuis dix ans – autour de 3000 par an. Ils étaient 752 au 1er janvier 2021, représentant 1% de la population carcérale. La plupart ne sont pas jugés et relèvent de la détention provisoire (82%). L’accroissement du nombre de placements annuels en centres éducatifs fermés (CEF), et la volonté du Gouvernement de créer 20 nouveaux CEF, en plus des 52 d’ores et déjà en activité, révèle néanmoins la place croissante accordée à la contrainte dans la réponse à la délinquance des enfants et adolescents. D’autant que le développement de ces structures s’est fait au détriment des autres types de prise en charge, avec en outre une politique de rapprochement progressif, depuis 2002, du régime pénal des mineurs de celui des majeurs. Pour le pédopsychiatre Boris Cyrulnik, l’emprisonnement des mineurs est pourtant « la pire des réponses » : « elle provoque l’isolement sensoriel, l’arrêt de l’empathie, l’augmentation de l’angoisse, entretient les relations toxiques, l’humiliation. En sortant de prison, on constate que l’enfant n’est plus apte à réguler ses émotions ». L’idée reçue selon laquelle l’incarcération permettrait de remettre un jeune dans « le droit chemin » est en effet loin de la réalité. Le plus souvent, elle va avoir tendance à accélérer l’ancrage dans la délinquance : elle fragilise les liens familiaux, socialise dans un milieu criminogène, y confère un statut, etc. Selon une étude sur les sortants de prison, le taux de recondamnation dans les cinq ans des mineurs est de l’ordre de 70%, plus élevé encore que chez les majeurs (63%) (Benaouda, Kensey, 2012).
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