Mesures matérielles de sécurité

Loin d’être pensée comme « un lieu de vie dans lequel on pratique l’enfermement », la prison est construite « autour des cellules » et l’isolement (Rosenthiel, 2010). Chaque unité –hébergement, atelier, cour de promenade, etc. – est conçue comme une prison dans la prison. « Tout est fait pour séparer les détenus des uns et des autres » et les tenir à « une distance de protection » afin de « maintenir un rapport de force » expliquent des chercheurs (Chauvenet, Orlic 2005). Il s’agit de garder le contrôle en les empêchant de se créer « un espace de parole et d’action en commun » et de devenir « une puissance d’action » pouvant déstabiliser l’institution. Les zones internes sont ainsi un agrégat de grilles et de sas, empêchant les regroupements, scandant les circulations et obérant les possibilités d’autonomie et de vie sociale. Et s’y ajoutent du caillebotis aux fenêtres – autrement dit du treillis en acier ne laissant passer que quelques percées sur l’extérieur – pour limiter les échanges ; le déploiement de filins de sécurité au-dessus des cours de promenade pour empêcher les évasions par voie des airs; des miradors et de grands murs grillagés avec barbelés tout autour pour éviter les projections d’objets de l’extérieur, etc. La logique est poussée à l’extrême dans les nouveaux établissements mis en service à partir de 2008. La haute technologie est présente partout. Les structures sont bétonnées, ultra-sécurisées, sans aucune proximité soulignent les personnels. Caméras de vidéosurveillance et interphones restreignent les contacts avec la population détenue. Et, en définitive, souligne le Contrôleur des lieux de privation de liberté, « la sécurité à laquelle on beaucoup sacrifié, notamment les relations sociales, décline, puisque ces conceptions architecturales, ajoutées au nombre de détenus concentrés en un même lieu, engendrent frustration, conduisant à l’agressivité, elle-même source de violence » (Rapport d’activité 2010)

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