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La prison, un temps de réflexion ?

L’incarcération offre-t-elle les conditions d’une remise en question, d’un travail sur soi ? Impossible, pour beaucoup, la prison étant avant tout vécue comme un lieu de souffrance. Certains y parviennent cependant, malgré la prison davantage que grâce à elle. Et sous réserve que leurs conditions de détention leur permettent de garder leur dignité. Extraits.

« J’ai commencé à changer »

Cette peine a été le pire cauchemar de ma vie, au début j’avais de la haine envers la justice, envers tout le monde, je me disais : attendez que je sorte, je ferai bien pire. Mais les jours, les mois, ont passé, et avec la visite de mes proches au parloir qui m’ont raisonné, parlé, conseillé, j’ai commencé petit à petit à ouvrir les yeux, à faire un travail sur moi, à éviter les détenus qui avaient des discours qui m’intéressaient de moins en moins. J’ai commencé à réfléchir sur ce que j’avais fait, et pour la première fois, j’ai ressenti du regret, de la honte envers moi-même. Je me suis mis à aller à l’école, à la bibliothèque. Petit à petit, j’ai commencé à changer, à être autonome, à avoir un autre langage, à mieux m’exprimer, à voir les choses autrement. Plus les jours passaient, plus j’étais motivé aussi pour préparer mon avenir. Mais je tiens bien à préciser que je n’ai reçu aucune aide de personne, à part de ma famille, pour changer. – K. E.

« Le sens de ma peine m’est apparu »

Je n’ai eu jusqu’à présent, malgré beaucoup de remords, aucune remise en question, parce que la prison m’inflige trop de souffrances. Quand on vit dans un milieu où il n’y a plus de sens, comment peut-on donner un sens à la vie ? Nous vivons dans un système fermé, sous une cloche de verre, en ne respirant que de l’air vicié, de plus en plus en proie à la vengeance et aux illusions. Mais mon dernier transfert a été un révélateur. J’ai trouvé des conditions de vie plus humaines et j’ai retrouvé ma dignité. Dès mon arrivée, le sens de ma peine m’est apparu. Enfin je pouvais expier, c’est-à-dire accepter ma peine comme châtiment en conséquence de mon acte, mais aussi au sens religieux, réparer mon péché par la pénitence. J’ai été pris d’une fulgurance. Décidé à m’investir pleinement, j’ai mis à profit tout ce qui m’était proposé et imposé ! Prise de rendez-vous chez la psychologue, chez le psychiatre, inscription à une activité proposée parmi tant d’autres : sophrologie. Indemnisation des parties civiles, demande de travail comme auxi-bibliothèque, mise en place pour passer un DUT technico-commercial dès septembre. Mais surtout, j’ai repris mes cours de philosophie avec une soif inextinguible de savoir. – P. L.

« Les soins psychologiques m’ont beaucoup aidé »

Personnellement je pense que la prison permet de réfléchir, on n’a souvent que cela à y faire. Mais pas forcément en bien. Après, tout dépend de chacun, de ce qu’il y fait, de sa capacité à se remettre en question. Il faut vouloir se remettre en question, et également le pouvoir. Pour moi, il a fallu des années pour prendre conscience de ce que j’avais fait et réaliser la gravité de mes actes. Les soins psychologiques mon beaucoup apporté et aidé, ne serait-ce que par le fait d’être écouté. – Anonyme

Quel aspect positif peut avoir le fait d’enfermer un être humain dans 9 m2 durant des mois voire des années ? Ça ne serait pas sous couvert de « justice », ça s’appellerait de la séquestration, ce qui est considéré à raison comme une forme de torture. La prison ne permet pas de réfléchir et encore moins de réparer ses erreurs. – W. F.

 

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