En juin dernier, j’ai été condamné à 2 ans de prison ferme et 8 000 euros de partie civile. Pourtant, j’avais un emploi stable et une situation familiale solide. Les faits dataient de 2020.
À l’audience, ma peine était aménageable. Je n’étais pas censé être incarcéré immédiatement, puisque j’avais 10 jours pour faire appel. Mais le magistrat a décidé de me placer directement sous mandat de dépôt. Père de 5 enfants, j’ai été brusquement arraché à ma famille.
Résultat ? j’ai perdu mon emploi, je me retrouve endetté de 8 000 euros, et je vais sûrement accumuler des factures impayées.
Aujourd’hui, en prison, on me demande une promesse d’embauche pour envisager un aménagement de peine. Mais c’est un paradoxe : on m’a désinséré il y a deux mois, et maintenant on me demande de prouver que je suis inséré.
N’aurait-il pas été préférable de le faire directement à la barre ?
J’aurais gardé mon emploi, j’aurais pu payer mes dettes et indemniser les parties civiles plus facilement. Cela aurait évité aussi de coûter de l’argent à l’administration pénitentiaire et d’occuper une place dans une prison déjà saturée : 1 200 détenus pour 500 places.
Ce témoignage illustre cruellement ce que l’OIP dénonçait déjà dans Dedans Dehors.
- Dans le n°104 (La clé est ailleurs, 2019) : l’incarcération de toujours plus de personnes ne protège pas la société, elle aggrave la désinsertion.
- Dans le n°91 (Le désœuvrement, 2016) : faute de politique cohérente, la prison reste sans contenu, enfermant dans l’absurde plutôt que de préparer à la sortie.
Cinq ans plus tard, rien n’a changé. La surpopulation explose, et des vies basculent dans une spirale de désinsertion évitable.