Début mars, la température dans les cellules de certains quartiers du centre pénitentiaire de Meaux a chuté pendant plusieurs jours, au point de devenir « exceptionnellement froide », selon le témoignage d’une personne détenue au quartier d’isolement (QI). En cause, une panne de la centrale de traitement d’air, survenue pendant le week-end des 6 et 7 mars. « Lors du relevé de température de ce matin, les 19°C réglementaires n’étaient pas atteints », a reconnu le 8 mars la direction de l’établissement, en réponse à l’avocat du détenu. Après une première intervention du service de maintenance le jour même, la direction de l’établissement a précisé que « la température à midi avait déjà augmenté de 4°C ». Malgré cette amélioration, elle n’atteignait en QI que 17°C le lendemain. Il semble cependant que le problème ait depuis été résolu. Durant l’hiver, des défaillances ont été signalées dans d’autres établissements. Madame V., dont le fils est détenu aux Baumettes, écrivait mi-janvier à l’OIP : « Encore une semaine passée sans chauffage. […] Les signes sur les corps de nos proches commencent à se montrer. Les nez coulent, les lèvres sont gercées. » Sur Twitter, le 15 janvier, le Syndicat des détenu(e)s de France* alertait : « À la prison de Fleury-Mérogis, dans au moins deux bâtiments, il n’y a plus de chauffage depuis trois semaines maintenant. » Selon un autre témoignage reçu par l’OIP, à Réau cette fois-ci, « les cellules ne sont pratiquement pas chauffées, de sorte que les détenus doivent s’habiller de plusieurs couches de vêtements ». La direction de l’établissement a confirmé un dysfonctionnent qui proviendrait d’ « un skydome QI/QD qui s’ouvre lors des douches », et a indiqué que le prestataire en avait été informé.
En principe, les locaux de détention et, en particulier, ceux destinés au logement, doivent répondre à certaines exigences en ce qui concerne le chauffage et l’aération**. Aux dysfonctionnements techniques et à la vétusté des infrastructures – mauvaise isolation des murs, absence d’étanchéité des fenêtres, voire vitres cassées, etc. – viennent parfois s’ajouter, pour les établissements plus récents, des défauts de conception.
Entre les murs, la rudesse des températures hivernales contraint bien souvent les détenus à superposer les couches de vêtements, à chauffer leur cellule à l’aide de leur réchaud lorsqu’ils ont pu en cantiner un, ou encore à doubler leurs couvertures avec des serviettes de bain. Au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, mis en service en 2010, Monsieur K. rapporte qu’en plus, il doit allumer l’eau chaude de la douche pour réchauffer l’atmosphère, « ce qui est aberrant en 2021 ».
par Pauline Petitot
* Le Syndicat des détenu(e)s de France est un compte personnel (@DesDetenus).
** Article D350 du Code de procédure pénale.