Légalement, chaque personne détenue doit pouvoir effectuer une promenade d’au moins une heure par jour à l’air libre. Pour respecter ce droit, de nombreux établissements organisent deux créneaux de promenade par jour permettant ainsi aux personnes détenues une certaine marge de manœuvre. Mais à la maison d’arrêt de Paris-La Santé, ce droit est mis à mal par le régime de la promenade journalière unique. En effet, exception faite de celles détenues au quartier Respect (moins d’une centaine), au quartier arrivants ou encore celles ayant la chance de travailler (environ 180), les mille autres prisonniers ne bénéficient que d’un unique créneau de promenade par jour. Qui plus est, le règlement ne permet pas d’« ajout » à la promenade, c’est à dire qu’il n’y a aucune possibilité de rejoindre ou quitter celle-ci en cours.
Inévitablement, cette organisation contraint les personnes détenues à faire un choix entre la promenade et un parloir, une activité scolaire ou sportive ou même un rendez-vous médical programmé sur la même plage horaire.
Pour Patrice*, un détenu avec un suivi médical conséquent, « c’est soit la promenade, soit le médecin », ces créneaux se chevauchant régulièrement. Quant à Sofiane*, entre les jours où il a cours et les jours où sa conjointe et ses enfants lui rendent visite, il se retrouve parfois contraint de ne sortir qu’une fois dans la semaine, le dimanche. « Cela fait deux heures de sortie sur sept jours, ce n’est pas suffisant pour garder un équilibre psychique et physique », s’inquiète sa compagne. Celle-ci « craint devoir réduire ces moments en famille », qui sont pourtant les seules occasions de rencontre entre ses enfants et leur père. Quant à ceux qui font le choix de la promenade, ils prennent le risque de perdre leur place aux activités : Yliesse* rapporte ainsi n’avoir plus jamais été appelé pour accéder à son activité sportive après avoir refusé de s’y rendre pour pouvoir descendre à la promenade, et ce malgré ses multiples demandes écrites pour y retourner.
L’établissement de Paris-La Santé n’est malheureusement pas le seul à restreindre le droit à la promenade. En effet, de plus en plus d’établissements pénitentiaires (comme la maison d’arrêt de Nanterre, le centre de détention d’Orléans-Saran…), tendent à sacrifier les créneaux de promenade pour réduire le nombre de mouvements quotidiens, dans un souci de rationalisation des moyens humains.
Par Cassandre Dom
* Les prénoms ont été modifiés