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Aix-en-Provence : Double dépôt de plainte pour des violences pénitentiaires

A quelques semaines d’intervalle, Monsieur T. a porté plainte contre des surveillants du centre pénitentiaire de Toulon, où il était incarcéré début 2023, et d’Aix-en-Provence, où il se trouve actuellement.

La première plainte, déposée en août, concerne des faits qui se seraient produits le 14 février 2023, à Toulon : Monsieur T. y affirme que des surveillants l’ont « frappé à la tête » alors qu’il réintégrait sa cellule après une extraction. « J’ai pris des coups de poing, des coups de pied au thorax, à la tête et dans le dos, poursuit-il. Ensuite, ils m’ont déshabillé de force, ils m’ont traîné au sol et ils m’ont humilié. Ils ont quitté la cellule avec l’intégralité de mes vêtements, ils m’ont laissé nu de 13h45 jusqu’à 17h15, au moment où il y avait la visite obligatoire du médecin. » Ce dernier constate alors de nombreuses blessures entraînant une ITT d’une journée, dont « une contusion de la face interne des deux poignets, du pectoral droit et gauche, [de l’os] temporal gauche, de la pommette gauche, un érythème de l’arête nasale, de l’épaule droite et gauche ».

Transféré à Aix-en-Provence en septembre, après un passage par le centre pénitentiaire des Baumettes, Monsieur T. est immédiatement placé à l’isolement – malgré un avis favorable à son placement en détention ordinaire. Refusant d’intégrer l’isolement, il rapporte avoir été fouillé à nu dans sa cellule : « Ils m’ont demandé […] plusieurs fois de lever ma jambe latéralement, tel un chien, et cela toujours plus haut. » Il décrit ensuite avoir été agressé par deux agents : « Ils m’ont violemment sauté dessus. Le garçon m’a mis deux coups de poing à l’arrière du crâne ce qui m’a fait cogner violemment ma tête contre les barreaux de la fenêtre. Mon nez s’est mis à pisser le sang. Ils m’ont alors attrapé par le cou et les bras et ils m’ont mis par terre. Le garçon allait me frapper mais la fille qui était avec lui s’est rendu compte que je saignais du nez. Elle lui a pris le bras en lui indiquant mon nez du regard. »

Le lendemain des faits, Monsieur T. rencontre son avocat, venu l’assister en vue d’une commission de discipline. Celui-ci constate que son client souffre « d’une plaie saignante sur l’arête nasale » et « d’une ecchymose au front », ainsi qu’il le décrit dans ses observations à l’attention de la direction de l’établissement. Ce même jour, « devant sa cellule du quartier d’isolement », Monsieur T. est vu par un médecin, qui le convoque dès le lendemain à l’unité sanitaire. Mais ce n’est que cinq jours plus tard qu’il y est finalement amené : le médecin ne peut alors que constater « une dermabrasion nasale en cours de cicatrisation », n’entraînant aucun jour d’ITT, d’après le certificat médical. C’est alors que Monsieur T. dépose sa seconde plainte.

Par Manon Lhopital

Cet article est paru dans la revue Dedans Dehors n°121 – Décembre 2023 : « Ils grandissent loin de moi » : être père en prison

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