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Liens familiaux, santé et travail à rude épreuve à la prison de Neuvic (24)

Le 16 avril dernier s’est réuni le conseil d'évaluation annuel du centre de détention (CD) de Neuvic. Chargé « d’évaluer les conditions de fonctionnement de l’établissement », il a pointé plusieurs points noirs : unités de vie familiale (UVF) inactives depuis leur construction, manque de médecins spécialistes, carences alimentaires et déficit de travail. Sans proposer de mesures pour les améliorer, comme l’y invite pourtant la loi pénitentiaire (article 5).

Liens familiaux mis à mal

En 2014, trois UVF ont été construites pour permettre aux personnes détenues de recevoir leurs proches pour une durée comprise entre 6 et 72 heures, dans des petits appartements à l’abri du regard d’autrui. Pourtant, un intervenant raconte : « On les a vues sortir de terre petit à petit depuis 2013, mais les travaux sont terminés depuis plusieurs mois et rien ne se passe ». Le conseil d’évaluation souligne que leur mise en service « n’est pas prévue pour le moment ». Une situation qui n’a rien d’exceptionnel. Le conseil d’évaluation rappelle qu’au centre de détention d’Uzerche, dans le département voisin, il a fallu « attendre plusieurs années » leur ouverture (quatre ans au total, comme le déplorait  l’OIP en 2013). Le conseil d’évaluation  avance que le retard serait lié à un problème de ressources humaines, dans la mesure où « beaucoup d’ouvertures d’UVF » ont eu lieu dans la région, sans préciser dans quels établissements. Or la carte des UVF publiée par la Direction de l’administration pénitentiaire en mai 2015 ne fait apparaître aucune nouvelle UVF dans les établissements de la direction interrégionale de Bordeaux depuis août 2013. « La priorité a été laissée au CD d’Eysses » complète encore le conseil d’évaluation. Pourtant, dans un courrier du 5 mars dernier, la direction pénitentiaire de Bordeaux expliquait à l’OIP que les UVF du CD d’Eysses « ne sont pas en fonctionnement »…

Les UVF, sont essentielles à la préservation des liens familiaux et au maintien d’une sexualité interdite dans les parloirs ordinaires. A ce jour, seules 34 prisons en sont dotées, alors que la loi pénitentiaire de 2009 a pourtant instauré le droit pour tout détenu de bénéficier de ce type de visite une fois par trimestre.

Carences médicales et alimentaires

Le médecin responsable de l’unité sanitaire « signale qu’il n’y a pas de chirurgien dentiste et préconise une réquisition auprès de l’armée » car cela « manque cruellement ». Une situation dont se sont plaintes plusieurs personnes incarcérées dans l’établissement. H.K écrivait à l’OIP en avril dernier ne pas avoir reçu de soins pour ses dents depuis un an. Le médecin signale également l’absence d’ophtalmologue.

Autre point d’inquiétude mentionné : l’alimentation. Le médecin « informe que la ration alimentaire est insuffisante ». En décembre 2014, un détenu racontait à l’OIP : « la nourriture arrive pratiquement froide et malgré leurs repas, j’ai toujours faim. » Un intervenant complète : « j’ai souvent entendu que la nourriture est très mauvaise. »

Pénurie de travail

L’administration pénitentiaire n’applique toujours pas les taux de rémunération horaire prévus par le décret d’application de la loi pénitentiaire. Le conseil d’évaluation indique que l’application du texte se fera au 1er janvier 2016, mais qu’en conséquence, l’établissement envisage des « pertes d’emplois ». Dans le même temps, la loi pénitentiaire qui prévoyait de se tourner vers les structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) pour favoriser l’insertion des détenus par une offre adaptée de travail et de formation en prison, n’a toujours pas trouvé d’application concrète. Une situation alarmante quand on sait que le travail est déjà rare au centre de détention, comme en témoigne un intervenant : « pour le travail, les délais sont longs ». Ce que confirme L.P, arrivé fin 2013, qui n’a pu accéder à un poste que mi-2015. Déjà en 2012, le rapport d’activité de l’établissement mentionnait un « temps d’attente d’environ 7 à 8 mois » pour un poste aux ateliers.

L’OIP a saisi les différents services concernés pour connaître les mesures prévues face à ces situations.

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