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Fouilles à nu systématiques : témoignage d’un excès

Témoignage reçu à la permanence de l’Observatoire international des prisons le 23 juin 2025

« Je n’ai jamais vu autant de situations où l’on m’impose des fouilles à nu. À tel point que je ne sors même plus en promenade. Avant chaque parloir, c’est devenu systématique – je n’ai jamais vu ça.

Pendant mon procès, j’ai jusqu’à 5 fouilles à nu par jour.  Je vais au dispatching, ils me mettent à nu. Je vais au tribunal, les ERIS sont déjà devant ma porte. À 9h30, je pars pour l’audience, les gendarmes me font une nouvelle fouille à nu, je passe ensuite par un portail à ondes millimétriques.

Je passe la matinée au procès, puis je redescends en cellule. Les ERIS restent devant la porte tout du long.

À 14h30, nouvelle fouille à nu et je repasse par le même portail à ondes millimétriques.  J’assiste au procès toute l’après-midi puis je redescends aux geôles, où l’équipe d’escorte m’impose encore une fouille à nu. Et de retour à la prison, une cinquième fouille à nu m’attend.

Et tout cela se passe alors que je suis constamment surveillé par les agents. »

Ce témoignage illustre une dérive toujours trop répandue dans les établissements pénitentiaires : le recours abusif et systématique aux fouilles à nu, pourtant strictement encadrées par la loi.

Depuis la loi pénitentiaire de 2009, ces pratiques devraient rester exceptionnelles, justifiées et proportionnées. Pourtant, de nombreux témoignages révèlent une généralisation de ces fouilles, parfois jusqu’à plusieurs fois par jour, dans des conditions humiliantes et contraires aux droits fondamentaux.

Les personnes détenues ont des droits. L’Observatoire international des prisons (OIP) les informe, les accompagne et les défend. Sa dernière édition du Guide du prisonnier constitue un outil indispensable pour faire valoir ces droits dans un environnement marqué par l’opacité et le déséquilibre des rapports de force.

Déjà en mai 2019, l’OIP alertait dans son rapport « Omerta, opacité, impunité » sur les violences exercées en prison, souvent dans l’ombre et dans le silence. Ce rapport dénonçait des violences parfois systémiques, renforcées par l’absence de contrôle effectif, l’impunité des auteurs et la vulnérabilité des victimes. Les fouilles à nu, les placements en cellule disciplinaire, ou d’autres situations de contrainte sont identifiés comme des moments critiques où les abus peuvent survenir.

Les dérives dénoncées il y a plusieurs années restent, aujourd’hui encore, cruellement d’actualité.