Deux fois plus de personnes détenues que de places, une insalubrité persistante… Les conditions de détention à la maison d’arrêt de Nanterre sont tout simplement indignes. C’est ce que montrent de façon éloquente les photos prises lors d’une visite parlementaire effectuée en mars 2025, en présence de l’Observatoire international des prisons (OIP).
Dans certaines cellules, il est impossible de poser le pied par terre, entre deux lits superposés et un matelas au sol. Avec 1148 personnes incarcérées pour 597 places, la maison d’arrêt était occupée à 192% au 1er avril. Près de deux ans plus tôt, alors que le taux d’occupation n’atteignait « que » 162%, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise soulignait déjà que cette surpopulation, ainsi que la promiscuité et le manque d’intimité qu’elle engendre, étaient « susceptibles d’exposer les personnes qui y sont soumises à un traitement inhumain ou dégradant ». « Être à trois dans une cellule prévue pour deux empêche toute liberté de mouvement. Chacun doit rester sur son lit pour manger, la petite table ne permettant de s’installer qu’à deux. Le premier qui se lève pour aller aux toilettes dérange forcément les autres, d’autant qu’il n’y a absolument aucune intimité : le matelas posé au sol donne directement sur les WC », décrivait une personne détenue à la prison de Nanterre en mars 2025 auprès de l’OIP. Faute d’activités en nombre suffisant, de nombreuses personnes détenues passent jusqu’à 22 heures par jour enfermées dans ces cellules déjà surpeuplées.
Les douches collectives, pourtant repeintes en 2023 selon la direction, sont très dégradées. Des sanitaires sans cloison, de multiples équipements défectueux… Autant de constats réitérés ces dernières années, par la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) en 2023 puis le barreau des Hauts-de-Seine en 2024. Force est de constater que malgré les injonctions successives, et limitées, du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, les personnes enfermées à Nanterre continuent de vivre dans des conditions que ni l’État, ni la justice, ni la société ne devraient continuer de tolérer.