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« Apparemment, un glaçon, ici, c’est une arme par destination »

« Je n’ai reçu aucune information concernant le plan “vagues de chaleur”. Aucune note, aucun affichage, rien. C’est comme si la canicule ne franchissait pas les murs de la prison – ou plutôt, comme si nous, on ne comptait pas. [...]

Il n’y a pas de distribution de bouteilles d’eau. En cellule, on a un seul robinet. Et que ce soit là ou sous la douche, l’eau est chaude. On a demandé pourquoi on ne pouvait pas mettre un glaçon dans notre bouteille. On nous a répondu que c’était interdit. Apparemment, un glaçon, ici, c’est une “arme par destination”.

La chaleur, elle est partout, et rien n’a changé dans l’organisation. Les horaires de promenade sont toujours les mêmes. Il n’y a pas de zone d’ombre dans la cour. On ne peut pas non plus s’habiller autrement : les débardeurs et les tongs sont interdits, sauf pendant la promenade. Même quand on suffoque, on doit rester “correctes”. […]

On peut acheter des ventilateurs. Mais à 23 euros pièce, qui peut vraiment se le permettre en prison ? Les crèmes solaires, elles existent, mais il faut attendre un mois pour les recevoir.

J’ai aussi des nouvelles de la maison d’arrêt pour femmes. Une amie m’a raconté que certaines cassent les fenêtres pour laisser entrer un peu d’air. Elles se font réprimer et prennent un compte-rendu d’incident. Quatre filles là-bas n’ont même pas de frigo qui fonctionne. Et dans certaines salles de la prison, il y a des inondations, donc impossible de brancher un ventilateur. »

Témoignage reçu à l’OIP depuis un centre de détention dans le sud de la France, en juillet 2025.

Cet article est paru dans la revue de l’Observatoire international des prisons – DEDANS DEHORS n°127 – Une société qui s’enferme : la répression comme seul horizon