Dans la nuit du 1er novembre 2013, un homme est décédé au centre pénitentiaire de Baie-Mahault après avoir été poignardé par un codétenu.
Dans la cellule partagée à six, pour quatre places, une bagarre a éclaté pour la télécommande du téléviseur. Aux environs de 22 heures, un détenu en a frappé un autre au cœur avec une arme artisanale.
Ce décès intervient dans un climat d’insécurité et de violence régnant depuis des années dans cette prison. En 2010 et 2011, près de 40 % des infractions disciplinaires dénombrées à Baie-Mahault étaient des faits de violence, majoritairement entre détenus et très souvent à l’arme blanche. Promiscuité, violences et agressions sont toujours monnaie courante en 2013 dans cet établissement, qui compte dans son quartier maison d’arrêt 436 détenus pour 266 places (au 1er octobre).
Les détenus ne cessent d’en alerter l’OIP : « J’ai reçu un coup de couteau au niveau de la bouche, on m’a amené à l’hôpital pour recoudre la plaie, nous sommes cinq dans une cellule de quatre et je dors par terre sur un matelas » (26 septembre 2011) ; « Des détenus s’étranglent jusqu’à l’évanouissement, se poignardent avec des armes artisanales, se bagarrent à plusieurs contre un » (18 octobre 2013). Questionnée par l’OIP, l’administration pénitentiaire affirmait en 2010 mener « une action volontariste conjuguant travaux d’aménagement et de sécurisation, amélioration des procédures et formation des agents, amélioration des conditions de détention et développement des activités ».
Pour autant, la violence reste un « véritable fléau » dans de nombreux établissements pénitentiaires d’outre- mer. Entre 2011 et 2012, les agressions physiques entre détenus y ont augmenté de 40% (passant de 753 à 1 057), et celles envers le personnel de 94 % (passant de 122 à 237). « Trois facteurs accentuent le phénomène de violence en outre-mer » selon l’administration pénitentiaire : « La surpopulation particulièrement importante, l’utilisation systématique, notamment dans la zone Antilles/Guyane, d’armes artisanales susceptibles d’occasionner de graves blessures » et « la difficulté à opérer des transferts » (rapport d’activités 2012). Une analyse qui n’apporte pas de réponse suffisante aux problèmes d’oisiveté et de promiscuité, tout en ignorant les possibilités de règlement préventif des conflits promues par le Conseil de l’Europe (sécurité dynamique).
OIP, coordination outre-mer