À la prison de Toulon-La Farlède, l’arrivée d’eau est coupée tous les soirs dans les cellules du quartier disciplinaire. Une situation qui perdure depuis fin juin, empêchant les personnes détenues d’avoir accès à l’eau courante et à leurs sanitaires.
Au quartier disciplinaire (QD) du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, depuis le 27 juin, l’arrivée d’eau est coupée entre 19h et 7h du matin. « Je n’ai pas de sanitaires ni d’arrivée d’eau fonctionnelle », écrit Monsieur D., qui y est incarcéré. Afin de pallier cette coupure, chaque personne détenue reçoit une bouteille d’eau d’1,5 litre par jour, une quantité qui reste largement insuffisante pour répondre aux besoins en eau potable et sanitaire sur ce créneau horaire. En outre, selon le délégué du Défenseur des droits intervenant dans la prison, « le nombre de douches aurait été augmenté à trois » par semaine, ce qui est pourtant déjà la fréquence minimale prévue par les textes[1].
La direction de l’établissement aurait pris cette décision à la suite d’inondations provoquées par « un ou plusieurs détenus du QD » ayant bouché volontairement leurs robinets et toilettes. Ces inondations auraient endommagé l’étage inférieur, occupé par l’unité sanitaire. Mais, écrit Monsieur D., « les détenus reconnus coupables de ces faits ne sont plus au QD et nous subissons les conséquences de quelque chose que nous n’avons pas commis ».
Si la direction interrégionale des services pénitentiaires de Marseille indique que « ces coupures ont un caractère provisoire », elle précise que « des travaux seront engagés à partir du 9 novembre » afin « d’éviter […] les dégradations qui découlent » de ces inondations. La situation perdure donc à ce jour, aggravant des conditions de détention déjà nettement plus sévères qu’en détention ordinaire, comme le montrait la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP-SF) dans un rapport publié en février dernier[2]. Une situation d’autant plus dommageable l’été dernier, en période de forte chaleur.
L’OIP-SF rappelle que chaque personne doit être détenue « dans des conditions satisfaisantes d’hygiène et de salubrité », selon l’article R321 du code pénitentiaire. En outre, le quartier disciplinaire étant un lieu qui concentre les atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes détenues et leur inflige un traitement inhumain et dégradant, l’OIP recommande sa suppression.
Contact presse : Sophie Deschamps – 07 60 49 19 96
[1] Circulaires du 9 juin 2011 (NOR : JUSK1140024C) et du 8 avril 2019 relatives au régime disciplinaire des personnes détenues majeures.
[2] OIP-SF, Au cœur de la prison, la machine disciplinaire, février 2024.