« On ne parle pas simplement de la “délinquance’”, de l’“insécurité” ou de la “violence”, mais de “la délinquance qui empire et qui rajeunit’”, de “l’insécurité grandissante” et de “la violence qui ne cesse d’augmenter”. »
Dans son dernier ouvrage, le sociologue Laurent Mucchielli s’attache à démontrer comment l’instrumentalisation des « chiffres auxquels on fait dire ce que l’on veut », le traitement médiatique systématique des faits divers donnent à imaginer une délinquance en perpétuelle augmentation, une sorte d’« explosion de la violence ». Et créent un contexte de peur permettant à certains politiques de donner libre cours à la stigmatisation de jeunes qui n’auraient « plus rien à voir avec le petit sauvageon de 1945 » et aux amalgames entre « immigration et délinquance ». Replaçant la problématique dans une perspective historique, Mucchielli rappelle que « globalement, il est à peu près certain que nous vivons l’époque la moins dangereuse de notre histoire ». S’appuyant sur les résultats d’enquêtes de victimisation et non de celles de la police qui reflètent surtout l’activité de ses services, il démontre que l’insécurité grandissante relève plus du sentiment que des faits. Une prise de conscience comme préalable indispensable pour envisager différemment les politiques de sécurité et de prévention de la délinquance.
Laurent Mucchielli, L’invention de la violence – Des peurs, des chiffres, des faits, Fayard, novembre 2011.