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Les surveillants

« Les réponses des surveillants sont assez singulières : préoccupations, insatisfaction et attentes sont souvent différentes pour eux que pour le reste des personnes interrogées ».(1)

Ils constituent ainsi « la seule catégorie à estimer que la situation carcérale en France est sous certains angles satisfaisante », notamment en ce concerne la sécurité, les droits des détenus, les activités socioculturelles et l’accès aux soins. Ils sont également, sur ces thèmes, « moins nombreux que les autres acteurs à exprimer un choix quant aux actions à mettre en œuvre pour améliorer la situation ». Dans certains autres cas cependant, « la satisfaction affichée n’implique pas moins la volonté d’obtenir des améliorations ». Ils « s’accordent notamment avec les autres catégories de répondants pour demander une «augmentation des moyens de fonctionnement des services médicaux» », la formation du « personnel pénitentiaire et les intervenants extérieurs à la prévention du suicide » ou encore l’harmonisation des règlements intérieurs. Enfin, l’avis des surveillants rejoint celui des répondants « sur de nombreux points ». Par exemple, « comme la majorité des répondants (détenus compris), ils sont soucieux de la question du suivi personnalisé des détenus et souhaitent qu’on “propose à tout détenu qui en fait la demande un parcours de qualification professionnelle“ ». Cette convergence touche également « la dénonciation des “mauvaises conditions de vie en général“ », et notamment les questions d’hygiène, ainsi que les conditions d’accès aux soins psychiatriques ou les alternatives à l’emprisonnement (plus de la moitié des surveillants qui se sont prononcés ne les estiment pas assez développées). Enfin, ils expriment un certain nombre de préoccupations liées plus spécifiquement à leur pratique professionnelle, telles que « l’augmentation du nombre de personnels de surveillance », « la prise en compte de l’avis des surveillants et des travailleurs sociaux pour diminuer les tensions avec les personnes détenues », « une formation permanente des personnels de surveillance et des travailleurs sociaux sur l’évolution des règles de droit qui encadrent leur travail » ou encore « la reconnaissance du droit de grève aux surveillants et travailleurs sociaux ».

(1) BVA et les États généraux de la condition pénitentiaire, « Consultation en vue des États Généraux de la condition pénitentiaire – Résumé des résultats de la consultation en ligne par catégorie », octobre 2006. Toutes les citations ci-dessus sont tirées de ce document.

le plus inacceptable…

«… des quartiers d’isolement 24h sur 24 être seul, parler à personne avec une heure de promenade, une heure de musculation. C’est de la folie. »

« Comment le travail du surveillant peut-il être efficace avec par exemple 80 à 100 détenus sur la coursive ? Le surveillant est le premier interlocuteur du détenu, l’intérêt de l’un comme de l’autre est que tout se passe dans les meilleures conditions. »

« … les difficultés rencontrées par le personnel pénitentiaire qui manquent de moyens et se sentent responsables de l’inefficacité de leur travail. Mal représentées par leurs organisations professionnelles et mal défendus institutionnellement, ils ne peuvent que se sentir abandonnés et leur motivation s’en ressent. »

« Aujourd’hui ces deux corps de métier (surveillants et travailleurs sociaux) parent à l’urgence… Cela frise la caricature. »

« … le recours à l’incarcération systématique pour des personnes qui pourraient être assignées à résidence par l’intermédiaire de la mise en place du bracelet électronique ou de dispositifs de contrôle assurés par les services de l’administration pénitentiaire. »

« Je pense que notre profession est soumise à une trop forte pression médiatique. Nous travaillons avec des individus, nous faisons donc du cas par cas, cette simple constatation est souvent oubliée. Un autre phénomène assez inquiétant pour nous est la recrudescence des personnes atteintes de troubles de comportement incarcérées. Des personnes mises en examen par un juge qui n’ont même pas conscience d’être en prison, c’est une situation dangereuse pour nous, personnels. On a supprimé les asiles pour mettre les fous en prison, c’est scandaleux ! Messieurs les parlementaires, vous êtes responsables de cette situation, toutes étiquettes confondues ! »

les réformes attendues

« Une loi pénitentiaire, une prison garante des droits de l’homme, des personnels assermentés et ayant un niveau de compétence élevé. »

« Qu’elle reconsidère le métier de surveillant et qu’elle responsabilise le détenu en l’infantilisant moins qu’actuellement. Qu’elle aboutisse à quelque chose de réellement équilibré entre les besoins des personnels pour assurer leurs missions correctement et les besoins des détenus afin de préparer efficacement leur sortie. »

« … que les personnels soient plus respectueux des détenus (prévoir des sanctions administratives plus systématiques), qu’on comprenne une fois pour toutes que le détenu n’est sanctionné que de privation de liberté et non de privation de vie ! »

« Je pense d’après mon expérience d’une dizaine d’années dans un établissement pénitentiaire, qu’il faut développer l’aménagement des peines, notamment la libération conditionnelle parce que tout simplement, ça marche ! »

« Recrutement et formation des surveillants à revoir : comment un jeune sorti de l’école, sans expérience de la vie à 19 ans se retrouvant surveillant peut-il arriver à gérer les problèmes de violence, racket… Pour la formation, il faudrait privilégier quelques règles simples : “je ne suis pas juge“, “je dois parler“, etc… »

« Une réforme des prisons n’aura de sens que dans le cadre plus large, d’une réforme de la justice (développement de mesures alternatives à l’incarcération simple notamment). Une baisse intelligente du nombre de personnes détenues par l’application massive des alternatives à l’incarcération. Une prise en considération plus importante des personnels de l’administration pénitentiaire, et notamment des personnels administratifs et techniques, qui sont totalement absents de ce questionnaire. Une meilleure spécialisation des personnels de l’administration pénitentiaire dans la prise en charge des détenus selon leur profil pénal. Il s’agit d’apporter une réponse adaptée à la délinquance que l’on veut sanctionner tout en permettent de mieux prendre en charge la personne en vue d’assurer de manière efficace sa réinsertion (ou son insertion) dans la société. Que la représentation nationale et l’ensemble des citoyens concernés réfléchissent au sens et la nécessité de l’incarcération : ne plus envisager la prison comme la première ou l’unique solution de répression de la délinquance. Que les aménagements de peine soient intégrés comme des peines véritables et que chaque peine d’incarcération se termine obligatoirement par une peine en milieu libre (libération conditionnelle, semi-liberté). Un socle législatif qui garantisse l’action des services pénitentiaires et assure une reconnaissance pour les personnels qui servent dans cette institution. Une transparence dans le travail réalisé et un plus grand équilibre entre la garde et la réinsertion. »

« Que l’on ne prenne jamais en compte les conditions de travail du personnel pénitentiaire. Cela va de pair avec les conditions de détention des détenus, qui elles ne vont qu’en s’améliorant. Preuve à l’appui de ce questionnaire qui montre encore qu’on s’occupe plus des détenus que des surveillants. À quand un questionnaire pour l’amélioration des conditions de travail du personnel en détention. » « En prison l’oisiveté est un facteur majeur qui freine la réinsertion. Je travaille dans un centre de détention et si l’on prend pour exemple un détenu x, condamné à 10 ans, celui-ci peut, pendant ces 10 ans, faire ce qu’il veut pendant ses journées (à condition de respecter le règlement). […] Cette oisiveté amène les détenus vers la consommation de produits médicamenteux, stupéfiants, suicides, automutilations, rackets… Je rêve d’une vie en détention où le lever est imposé, puis le ménage de la cellule, suivi par des heures de travail obligatoires, 4 ou 5 par jour, la formation aussi doit être obligatoire ainsi que le sport. Je ne demande pas un retour au bagne, mais à une vie plus équilibrée en détention. » « La prison doit rester un lieu d’apprentissage du respect de l’autre et des valeurs humaines. Les victimes ne doivent pas être oubliées. »

« Des conditions de détention dignes d’un pays démocratique. Une reconnaissance de la part du ministère, de notre gouvernement et des citoyens de notre profession, que leur regard change en faisant connaître notre métier et ses difficultés. Que la prison devienne une prison sociale et pas uniquement répressive. Et qu’elle apporte le respect de la dignité humaine et du citoyen, car une personne incarcérée est avant tout un citoyen… »

« Les personnes à problèmes psy n’ont rien à faire en prison. »