Aliments périmés, douches froides ou bouillantes, rats sous les fenêtres... L’hygiène et la salubrité de la maison d’arrêt de Saintes, dénoncée dans une pétition de détenus le 3 juillet, déclenche une série d’inspections.
Les vingt-deux signataires évoquent des douches qui fonctionnent mal, où l’eau coule seulement trois fois par semaine, « complètement froide ou complètement bouillante », sans pression ou « de couleur rouge » quand la pression revient, en raison de travaux sur les canalisations. Côté alimentation, sont signalés des « repas servis froids, dans des plateaux toujours très sales ». La direction départementale de la protection de populations (sécurité alimentaire) avait déjà souligné ce point, lors d’une visite le 12 mai : « La vétusté des plateaux dédiés à l’entreposage des repas […] ne semblait pas permettre la conservation des mets à des températures adéquates. » Les détenus s’alarment aussi de l’utilisation ou la vente en cantine de denrées périmées (beurre, fromage, glace), dont des « boites d’œufs périmées depuis deux semaines ». A noter que l’établissement se félicitait, début 2013, d’avoir « le coût alimentaire journalier par personne détenue le plus bas depuis cinq ans » ! La pétition signale enfin des conditions aggravées par le chantier en cours au sein de l’établissement, des travaux de rénovation et de mise en conformité ayant été engagés suite à la décision de non fermeture de la maison d’arrêt. « Marteau piqueur à 8 heures du matin, poussière et odeurs pestilentielles, les rats viennent manger au bord des fenêtres, nous dormons avec les fenêtres fermées quand les carreaux ne sont pas cassés. »
Saisie par l’OIP, l’Agence régionale de santé (ARS) de Poitou-Charentes a diligenté une inspection sanitaire le 14 août. Quatre jours après sa visite, l’ARS confirmait à l’OIP que « les éléments fournis dans la saisine sont réels » bien « qu’aucun risque majeur n’ait été relevé ». Dans un courrier du 18 août destiné à l’établissement, elle préconise « des mesures à mettre en œuvre très rapidement » dans l’attente de son rapport final : détartrage et entretien des douches, « supervisés par l’équipe opérationnelle d’hygiène du centre hospitalier » ; « mise à disposition de bouchons d’oreilles individuels » et de masques pour limiter l’exposition au bruit et aux poussières du chantier… Une dizaine de jours avant, la maison d’arrêt avait accueilli une autre inspection, celle de la direction de l’administration pénitentiaire, visant notamment les problèmes entre surveillants et détenus, eux aussi dénoncés dans la pétition : « violences verbales, abus et humiliations publiques sont notre lot quotidien. » Le rapport de l’inspection des services pénitentiaires restera néanmoins confidentiel. Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a pour sa part visité l’établissement en avril 2013, suite à de nombreuses saisines de familles. Mais son rapport n’a pas encore été rendu public.
OIP, coordination Sud-Ouest