Depuis janvier 2015, le sujet de la radicalisation islamiste en prison s'est placé au cœur de la politique pénitentiaire du gouvernement.
La création de cinq unités de regroupement, afin de mettre à l’écart les prisonniers concernés du reste de la détention, a été annoncée dès le 13 janvier 2015. Sans réflexion sur le régime et la prise en charge au sein de ces unités, sans évaluation de l’expérience déjà initiée à Fresnes par le chef d’établissement. Sans précaution aucune sur les éventuels effets pervers et discriminants d’un tel dispositif.
Précipitation, politique d’affichage, incohérence des annonces, mépris de la recherche et indifférence aux alertes de praticiens se sont encore renforcées après le 13 novembre 2015. Le tout alimentant un climat de stigmatisation et d’amalgames dont pâtit l’ensemble des détenus de confession musulmane en prison. Avec, en outre, le risque de voir se développer des régimes de détention spécifiques non encadrés juridiquement.
Des moyens exceptionnels ont néanmoins été débloqués pour réduire l’oisiveté en prison, source de tensions et de violence. Mais il est regrettable que les pouvoirs publics aient attendu deux séries d’attentats pour convenir de la nécessité d’un développement des activités et des programmes de prise en charge en prison.
A lire : Un premier bilan des mesures prises dans les prisons au titre du Plan de lutte contre le terrorisme dressé par l’OIP dans le cadre du rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.
© Grégoire Korganow