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Quatre heures avant d’être emmené aux urgences pour un traumatisme crânien

Dimanche 2 février 2014, entre 13 et 14 heures, à la maison d’arrêt de Villeneuve-les-Maguelone, près de Montpellier.
F.M., victime d’un tabassage par quatre détenus dans la cour de promenade, perd connaissance. Il semble en état critique. En l’absence de tout surveillant, c’est un détenu extérieur à la bagarre qui intervient et arrive à le sortir de la cour.

Il souffre d’un « traumatisme crânien et thoracique » ainsi que d’un « hématome oculaire volumineux », dira le rapport d’un médecin de l’unité sanitaire. Contacté à son domicile, le médecin d’astreinte demande à parler au surveillant resté auprès du détenu blessé, afin qu’il lui décrive son état. En vain. C’est seulement à l’arrivée de l’infirmière pour son tour de garde, a 14 h 30, que le médecin est informé de l’état alarmant de F.M. Il demande son admission immédiate aux urgences. Les pompiers arrivent rapidement, mais ils repartiront sans le détenu. Leur camion ne peut embarquer plus de sept personnes : les quatre pompiers, le détenu et les trois surveillants charges de l’escorte dépassent la charge autorisée. Et l’administration pénitentiaire refuse de réduire l’escorte de trois à deux agents « au regard des éléments de personnalité et judiciaires » du détenu. Un blocage qui aurait pu « entraîner des risques graves » d’après la direction de l’hôpital.
« C’est dans cette période précoce d’un traumatisme crânien avec perte de connaissance initiale que les risques de mort subite ou de complications sont les plus grands », explique le médecin.
Alors que les constantes vitales de F.M. continuent de se dégrader, il sollicite de nouveau les urgences. Une ambulance revient a 17 h 30, acceptant cette fois quatre personnes a bord. Le détenu aura ainsi attendu environ quatre heures avant d’arriver a l’hôpital. Le scanner cérébral montre une « fracture de la base du crâne avec incarcération des muscles oculaires ». Il est directement envoyé au bloc opératoire, et quittera l’hôpital a 23 heures le soir même, faute de lit disponible.
Contactée par l’OIP, la direction de la maison d’arrêt affirme que les pompiers doivent endosser la responsabilité du premier refus de transport.
Et l’hôpital estime qu’il ne s’agit « en aucune manière d’un incident relevant de l’organisation hospitalière, mais que les dysfonctionnements constatés sont liés aux mesures de sécurité que souhaitait prendre la direction de l’établissement pénitentiaire ». Le Procureur affirme quant à lui que « la rapide réintégration du détenu a ultérieurement démontré qu’aucune urgence vitale n’avait été en jeu ». Une appréciation a posteriori qui ne saurait justifier la décision prise par la direction contre l’avis du médecin, au risque de mettre en danger la vie d’un détenu, dont elle n’avait déjà pas assuré la protection en cour de promenade.

OIP, coordination Sud-Ouest

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