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Une histoire des mouvements de contestation face au système pénal

Issu de sa thèse de doctorat en histoire, l’ouvrage de Jean Bérard retrace l’évolution des mouvements contestataires face au système pénal et propose un éclairage inédit sur les tentatives d’opposition ayant précédé le débat sécuritaire contemporain.

La période de 1968 à 1975 voit les militants évoluer d’une «contestation révolutionnaire de la pénalité, à la volonté de limiter la répression ». Leur position initiale peut se résumer à ce commentaire de la condamnation d’un ouvrier enfermé vingt et un ans pour un vol : « A société de classe, justice de classe. » A partir de 1975, dans un contexte de déclin des idéaux de transformation sociale, la problématique « se déplace vers le refus de formes spécifiques de répression : justice rapide qui s’abat sur les plus pauvres ; conditions de vie en prison », etc.

Cette transition conduit certains groupes à tenter de « renforcer la répression de façon sélective». Les féministes affirment ainsi une volonté de sanctions sévères à l’encontre des auteurs d’infractions sexuelles, marquant le premier pas d’une place de plus en plus importante accordée aux victimes dans le processus pénal. L’émergence de la question politique de l’insécurité, à la fin des années 1970, entraîne de nouveaux clivages entre abolitionnisme et réformisme. La première tendance visant davantage « une dépénalisation de fait, sans rien demander à l’État », la seconde recherchant des compromis ouvrant la voie « à des innovations pénales, c’est-à-dire à des transformations de la logique pénale à l’intérieur d’un cadre légal reconnu comme légitime ». En découle une reconnaissance croissante des droits des personnes détenues, sans cesse limitée « par la définition que l’institution donne à sa propre sécurité », ce qui revient à réduire les avancées à « ce qui peut être apporté sans porter (trop) préjudice à la mission de garde et à la sécurité des surveillants, tout en diminuant le coût et le caractère gratuitement pénible de l’incarcération ». Un dilemme toujours pas résolu à ce jour.

Jean Bérard, La Justice en procès. Les mouvements de contestation face au système pénal (1968-1983), Sciences Po Les Presses, 2013, 32 €.