Deux mutineries quasi simultanées, le 28 septembre 2024, ont rappelé l’ampleur des tensions qui s’accumulent dans les prisons françaises, toujours plus surpeuplées. Avec 78 969 personnes détenues pour 62 014 places, le système pénitentiaire implose : de profondes réformes s’imposent de toute urgence.
À la maison d’arrêt de Nîmes, une centaine de prisonniers ont refusé de regagner leurs cellules pendant plus de quatre heures, le 28 septembre, pour dénoncer des conditions de détention inhumaines. Les syndicats pénitentiaires venaient d’alerter sur le nouveau record de surpopulation franchi dans cette prison, par ailleurs infestée de rongeurs et de punaises de lit : 267% d’occupation au quartier hommes, où des matelas au sol ont été installés dans presque toutes les cellules. Le même jour, une mutinerie éclatait au quartier centre de détention de Majicavo (Mayotte), où la surpopulation, chronique, atteint là aussi 267%.
Ces événements rappellent le caractère explosif de la crise des prisons françaises, dénoncée depuis plusieurs années par l’ensemble du milieu carcéral. Avec une politique pénale de plus en plus répressive, le nombre de personnes incarcérées ne cesse de croître. Résultat : au 1er septembre, les maisons d’arrêt, où sont incarcérées deux tiers des personnes détenues, enregistrent un taux d’occupation moyen de près de 154%, et au moins 17 quartiers de détention dépassent les 200%. 3 609 personnes détenues dorment sur un matelas à même le sol.
En parallèle, les réelles alternatives à l’incarcération peinent à se développer, tandis que les budgets sont largement aspirés par la construction de nouvelles prisons. Depuis 40 ans, le développement constant du parc pénitentiaire n’a pourtant pas enrayé l’aggravation de la surpopulation carcérale. Au contraire : plus on construit, plus on enferme – sans aucun rapport avec les courbes de la criminalité et de la démographie. Ainsi, entre 1990 et 2024, le nombre de places de prison a augmenté de 25 152 pendant que le nombre de personnes détenues augmentait de 30 477.
Comme de très nombreux professionnel.les de la justice et du système carcéral, l’Observatoire international des prisons (OIP) appelle à une réforme urgente des politiques pénales, et dans l’immédiat, à l’instauration de mesures de régulation carcérale nationales et contraignantes. Une perspective tout sauf utopique, que vient de mettre en œuvre le Royaume-Uni et que recommande le Conseil de l’Europe, pour remédier à ce « problème structurel » qui vaut à la France de multiples condamnations par la Cour européenne des droits de l’homme.
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