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Contribution des personnes détenues aux frais pénitentiaires : le prix de l’indignité

Dans une lettre ouverte aux agents de l’administration pénitentiaire, rendue publique le 28 avril, Gérald Darmanin annonce son intention d’instituer une participation financière et journalière aux frais d’incarcération. Reprenant une idée ancienne, ressuscitée dans une récente proposition de loi, le ministre de la Justice poursuit sereinement son entreprise de démagogie carcérale.

L’idée est aussi simple que brutale et consternante, tant ses auteurs semblent tout ignorer des parcours de vie des personnes détenues, principalement marqués du sceau de la précarité. Faut-il rappeler que plus de la moitié des personnes détenues sont sans emploi avant leur entrée en prison, près d’un tiers d’entre elles sont confrontées à une situation d’hébergement précaire et 8% se déclarent sans domicile. C’est d’ailleurs souvent cette précarité qui les a précipités en prison ; une personne sans domicile fixe ayant huit fois plus de risque d’être condamnée à de la prison ferme que tout à chacun.

Les défenseurs de cette contribution forfaitaire font également mine d’oublier que la prison participe de la paupérisation. Outre l’achat d’aliments supplémentaires, de produits frais, etc., les personnes détenues louent leurs télévisions (14,15€ par mois), leurs réfrigérateurs (7,50€ par mois), et l’accès au téléphone est par ailleurs largement surtaxé. Pourtant, seulement 30% des personnes détenues ont aujourd’hui accès à une activité rémunérée, payée entre 25% et 45% du SMIC. À cela s’ajoutent le coût de la détention pour les proches, notamment pour assurer les visites au parloir.

Quand tant d’acteurs publics usent de la métaphore hôtelière pour évoquer le sort réservé aux plus de 82.000 personnes détenues, notre question est simple : combien vaut donc pour eux une nuitée dans les prisons françaises ? Ces prisons où sont entassées trois à quatre personnes dans 9 mètres carré 22h/24, l’une d’elles étant condamnée à dormir sur un matelas posé au sol. Ces prisons où les cellules et les équipements sont aussi délabrés que les services sociaux et d’insertion sont sinistrés. Ces prisons où les rats et les cafards pullulent dans une crasse innommable qui vaut à l’Etat d’être si régulièrement condamné par des tribunaux nationaux et internationaux. A combien fixent-ils le service proposé ?

Dans l’attente de ces réponses, de toute évidence, ces nouveaux percepteurs ont déjà mérité le prix de l’indignité.

Contact presse : Sophie Deschamps – 07 60 49 19 96 – sophie.deschamps@oip.org