L'OIP, sollicité par de nombreux médias suite à la sortie du député de l'Hérault Elie Aboud au sujet de la participation des détenus aux frais de leur incarcération, réagit et rétablit quelques vérités que Monsieur Aboud semble préférer laisser de côté. Décryptage de son interview parue dans "Midi Libre".
« Est-il normal que les seuls Français à ne pas contribuer à l’effort soient les détenus ?”
Monsieur Aboud est mal informé. Les détenus sont des contribuables comme les autres qui financent le fonctionnement des prisons en payant leurs impôts.
“ Quand vous sortez de prison, vous avez une allocation temporaire d’attente qui varie entre 513 € et 1514 € par mois”
Le montant maximal de l’allocation temporaire d’attente (ATA) est de 340 € /mois. Monsieur Aboud confond le montant de cette allocation et les conditions de ressources pour son attribution : les personnes qui en bénéficient doivent avoir des ressources inférieures à 513 €/mois pour une personne seule et moins de 1540 € /mois pour une personne avec 4 enfants à charge. Le montant de l’ATA est donc inférieur et non cumulable avec le RSA (513 € /mois pour le RSA socle) et son versement est limité à une année.
“Nous aurons à peu près 280 à 300 millions chaque année”
On estime qu’1/3 des détenus sont indigents (moins de 50 € mensuels de ressources). Seul 1 détenu sur 4 travaille en prison (faute de places et de propositions) pour un salaire largement inférieur au SMIC (entre 1.92€ et 4.32€/heure voire des rémunérations à la pièce). On peut se demander comment Monsieur Aboud imagine que les personnes incarcérées vont pouvoir financer leur temps passé en détention. En réalité, ce sont leurs familles qui risquent de devoir financer l’incarcération de leurs proches, alors que la prison grève déjà leurs budgets.
“Il faut plus de prisons (…). Un détenu coûte 100 € par jour”
Au delà du caractère contradictoire de ces deux affirmations, l’OIP rappelle à Monsieur Aboud que des alternatives moins coûteuses existent. Par exemple, le placement à l’extérieur, qui consiste en une prise en charge et un accompagnement en dehors de la prison, ne coûte que 31.32€/jour. Il présente également l’avantage de faire baisser le taux de récidive qui passe le 63% (peine ferme sans aménagement) à 45%.
Par ailleurs, Monsieur Aboud devrait savoir qu’un budget de 200 €/mois minimum est nécessaire aux détenus pour faire face aux dépenses en prison (frais de téléphone, location de télévision, réfrigérateur, produits de première nécessité) qu’ils payent à l’administration pénitentiaire ou à des prestataires privés. Les personnes incarcérées sont donc bien loin d’être “logées, nourries, blanchies” aux frais des contribuables.